Parménide (-540 à -470 env.)
J’ai hésité avant d’insérer ce personnage parmi les astronomes. Il est effectivement et avant tout un philosophe. Cependant, comme je l’ai déjà évoqué, l’astronomie et la philosophie de la Grèce antique sont si intimement liées, que je ne pouvais occulter la vision cosmogonique de Parménide qui vécut à Élée en Italie (env. -540 à -470). Il y développa une doctrine dans laquelle l’influence pythagoricienne de l’harmonie des nombres et des proportions est exacerbée par une démarche rationaliste. L’unique trace écrite qu’il nous lègue est un poème sur la Nature qui comporte cent cinquante vers et dans lequel il déclare une guerre ouverte au témoignage des sens, en soutenant celui de la raison. Il y affirme qu’il n’y a que deux principes possibles pour la science:
"L’Être est et le non-être n’est pas". (qu’on pourrait appeler, principe d’évidence)
"L’Être n’est pas et le non-être est". (qu’on pourrait appeler, principe du faux, car inconcevable).
La portée de ces affirmations est fondatrice pour la démarche scientifique. En effet, on ne saurait connaitre le non-être car on ne peut l’atteindre, y compris en pensée, puisque penser et être sont un tout. Il existe donc une contradiction absolue entre être et non-être. Soutenir à la fois l’identité et la différence de l’être et du non-être devient alors une impossibilité. Dans ces deux principes, le premier est posé par la raison, infaillible dans ses jugements et le second n’est envisagé qu’à travers des opinions ou impressions, indignes d’être prises en compte et ne reposant sur aucune réalité. On peut aussi traduire ce principe plus simplement en disant que l’impossibilité de concevoir qu’une chose est, est une preuve que cette chose n’est pas. Parménide devient de ce fait le père de la démonstration par l’absurde, toujours en usage de nos jours chez les mathématiciens.
Parménide voit la Terre sphérique, suspendue au milieu de l’Univers, car: « Il n’y avait aucune raison justifiant qu’elle dût se mouvoir ou se pencher d’un côté ou d’un autre * ». Pour lui, l’air qui l’entoure a été extrait d’elle par une violente secousse.
Autour de la Terre, des sphères concentriques à égale distance portent d’abord la Lune, faite d’un mélange d’air et de feu, puis Vénus et enfin le Soleil, constitués d’un feu moins mélangé mais qui est séparé de la Lune par un « cercle de lait » (la voie lactée). Au dessus du Soleil sont les étoiles puis, enfin, définissant une limite solide « le cercle de lumière ». Entre ce cercle de lumière et la Terre existe également un cercle de feu qui se subdivise en de multiples cercles.
* Ce commentaire annonce une question fondamentale au sujet du phénomène alors incompréhensible d’une Terre suspendue au milieu de l’Univers, sans que rien ne la soutienne, alors qu’on a déjà constaté que les corps tombent (sur la Terre) lorsqu’en les lâchant on les livre à eux mêmes.
Avant même que les lois de l’attraction Newtonienne n’apparaissent on imagine à quel point cette énigme dut donner du fil à retordre aux esprits les plus brillants qui essayèrent de la résoudre.