Avant-propos

Au fil des siècles, le développement et le partage du savoir et des idées donnent lieu à des jugements sévères ou à des traitements répressifs qui mettent à rude épreuve le courage et la détermination de ceux qui s’engagent dans cette voie. Certaines de leurs révélations indisposent en effet les pouvoirs en place, lorsqu’elles remettent en cause les "vérités" édictées par ces derniers en vue de préserver leur souveraineté sur les peuples.

L’histoire de l’astronomie foisonne d’exemples dans lesquels ceux qui osent s’affranchir du dogme, en s’appuyant sur une approche rationnelle, apparaissent à bien des égards suspects où rebelles à l’ordre dominant. C'est le cas d’astronomes, qualifiés de "téméraires", qui affirment qu’il est possible de traduire la mécanique céleste en équations mathématiques, sans recours à une puissance divine. C’est également le cas de ceux qui, plus tardivement, repoussent les limites dimensionnelles de l’univers, tandis que d’autres, géomètres dociles et besogneux, arpentent méticuleusement ciel et Terre pour effectuer de précieux relevés. Bien que moins spectaculaire, la contribution de ces derniers ne doit pas être minimisée, tant en raison des épreuves physiques qu’elle leur imposa, que par l’ampleur des progrès que leur travail souvent ingrat permit d’obtenir.

Désormais, les astronomes, comme beaucoup de chercheurs, se spécialisent autour de points particuliers du corpus de connaissances hérité de leurs prédécesseurs. Ils font appel pour cela à un arsenal technologique toujours plus sophistiqué. Cependant, comme si tout choix devait s’accompagner d’une contrepartie, cette nécessaire spécialisation induit ses propres cloisonnements et, de ce fait, érige de véritables "chapelles" où officient de doctes spécialistes dont les compétences, certes approfondies, n’ont d’équivalent que le caractère relatif des périmètres d’investigations restreints auxquels elles se rapportent. Comment, dès lors, ne pas admirer ces philosophes, astronomes qui, jusqu’au XIXème siècle, parvenaient à embrasser un savoir encyclopédique pour hisser au plus haut le flambeau de leur science.