Anaximandre de Milet (-610 à -546)

Il y a deux mille six cents ans, les connaissances des Égyptiens en astronomie étaient assez limitées et celles des Grecs paraissaient encore bien moins évoluées. Ces derniers attribuaient en effet les phénomènes célestes à des caprices de leurs divinités. Thalès, à qui l’on prête le célèbre « connais toi, toi-même » fut le premier des grands philosophes, scientifiques et mathématiciens grecs. Il fonda une école à Milet, dans l’actuelle Turquie, où il enseignait sa philosophie de la Nature. Anaximandre (-610 à -546) son contemporain, y étudie puis professe une philosophie inspirée par l’observation des phénomènes naturels. Il défend une pensée libérée de ses références mythologiques, sans pour autant renier totalement le caractère divin de certains évènements. Il suppose que la Terre est un cylindre situé dans un univers dont elle est le centre. D'après Hippolyte (170-235), il aurait écrit: « la Terre est suspendue, soutenue par rien, mais stable à cause de son égal éloignement de tout. Sa forme est courbée, arrondie à la façon d'une colonne de pierre; sur l'une des faces, nous marchons, mais l'autre se trouve à l'opposé. » Ce qui caractérise Anaximandre par rapport à Thalès, son ami et compatriote, c’est une vision plus évoluée de l’agencement du Monde.

Selon lui, l’origine de toute chose se trouve dans une entité qu’il nomme apeiron, sans limite, sans fin et sans forme. Tout ce qui existe est par ailleurs constitué d’infimes éléments agrégés à partir de ce qu’il nomme chaos. L’univers d’Anaximandre contient trois parties essentielles qui englobent respectivement, les étoiles, la Lune et le Soleil. En effet, Il constate les mouvements dissociés de ces objets célestes et les imagine positionnés sur trois sphères ou formes toriques distinctes. Cette première conception mécanique du monde a contribué à ce que l’on considère leur auteur comme le père fondateur de la cosmologie. Malheureusement peu de traces écrites existent pour commenter avec certitude sa conception du monde. On sait seulement qu’il pense que les phénomènes naturels comme les orages, ne sont en rien dus à la colère des dieux mais bien davantage à une cause liée aux éléments qui s’entrechoquent. On lui attribue la fabrication de gnomons et de cadrans solaires, la découverte de l’obliquité de l’écliptique ainsi que le fait que la Terre paraisse tourner autour de l’étoile polaire. On lui prête d’avoir été un des inspirateurs de Darwin. Il pense en effet que les organismes vivants sortent de l’eau et qu’en quittant la mer pour venir sur la terre ferme, la carapace épineuse dont ils sont recouverts se dessèche et se brise, libérant ainsi un nouvel organisme plus évoluée. Il est persuadé que le changement d’environnement contribue à la transformation des espèces. Il enseigne d’ailleurs que l’homme est issu d’une telle évolution. Anaximandre explique l’origine des choses par une raison morale. Il pense que l’homme s’est un jour dissocié de l’infini originel pour entrer dans le monde fini, ce qui justifie qu’il doive naître et mourir. Il considère que l’aspiration de l’homme à une existence individuelle, constitue une grave faute primitive dont il doit expier, tant cette situation est la preuve d’un égoïsme coupable de sa part. Pour lui, seul l’infini a le droit d’être éternel, en raison de sa perfection. On notera au passage une évidente similitude avec le concept de pêché originel qui réapparaitra dans la religion chrétienne.