Gerbert d'Aurillac (945-1003)

Probablement issu d’une famille désireuse de le voir entrer dans les ordres, Gerber (?945-1003) arrive au monastère St Géraud d’Aurillac et montre rapidement des dispositions pour les études. Ses maîtres le trouvent si brillant qu’ils l’envoient à Vich (Catalogne) auprès de l’évêque Hatton, savant érudit, afin qu’il approfondisse ses connaissances du trivium et du quadrivium. Il y demeure trois ans. A son retour, il entre dans l’ordre des bénédictins. Impressionné par son érudition, Othon I, fondateur de l’Empire Romain germanique (le Ier Reich), le prend comme précepteur pour son fils, le futur empereur Othon II et lui donne l’abbaye de Bobbio en Italie. De retour en France, Gerber s’attache au service d’Hugues Capet en tant que secrétaire et précepteur de son fils, le futur Robert II de France. Hugues Capet le nomme archevêque de Reims en 992. Il y joue alors un rôle politique et diplomatique important. Parallèlement, sa relation amicale avec Othon III (fils de Othon II) devenu empereur, lui permet d’accéder au trône pontifical en 999 sous le nom de Sylvestre II. Durant son séjour à Vich, Gerber s’est adonné à la lecture assidue d’ouvrages philosophiques traduits des Grecs anciens (l’Espagne est alors en étroit contact avec la civilisation arabe). Gerber y étudia surtout des traductions issues de copies d’ouvrages arabes venant de l’abbaye de Ripoll, abordant l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie et la musique. Il peut ainsi associer les cultures occidentales et orientales, chrétiennes et arabes. Son érudition fascine ses contemporains. Adalbéron, évêque de Reims le nomme écolâtre. Gerbert enseigne indifféremment les connaissances profanes et religieuses, antiques et modernes. Ci-dessus, gravure représentant Sylvestre II à la droite de Othon III.

A partir des notes relative à son travail, ses biographes ont pu évaluer l’étendue de son savoir qui permet de le placer aujourd’hui parmi les plus brillants érudits de l’an mille. Gerber travaille également sur la numération, il tente d’introduire l’usage des chiffres arabes pour alléger les fastidieuses opérations réalisés avec les chiffres romains, malheureusement, il sera trop en avance pour son temps.
En utilisant les apices (ci-contre), il rédige des abaques. Mais il aura du mal à les faire utiliser par les calculateurs qui considèrent les arabes comme des suppôts de Satan. Gerber enseigne l’astronomie à Reims; cette science y est alors inconnue et suscite l’étonnement général lorsqu’il présente le monde sous la forme d’une sphère de bois sur laquelle il place l’axe polaire incliné par rapport à l’horizon et où il représente les principales étoiles. Quant aux cercles fictifs qu’il positionne et nomme « équidistants », il s’avère qu’il s’agit de nos méridiens. Il place également des lignes correspondant à nos parallèles, sur lesquelles il ajoute obliquement un cercle que les Grecs nomment « loxos », où les constellations sont symbolisées par des animaux. Ainsi présente t-il une version de la sphère armillaire des anciens sur laquelle il matérialise également les planètes. A travers Gerbert, c’est un savoir scientifique essentiel qui franchit les barrières du temps et des cultures et atteint enfin les foyers intellectuels occidentaux. Durant toute sa vie, Gerber accumule les livres, il dépense sans compter tant ces textes lui paraissaient essentiels. Pour lui, tous les moyens sont bons. Par exemple promet-il au moine Rémi de Trèves, de lui fabriquer une sphère en échange du prêt de son manuscrit de l’Achilléide de Stace (poète de la Rome antique) où, écrit t-il à Constantin, l’écolâtre de Fleury, en faisant valoir sa peine à écrire Libellus de numerorum divisione (traité sur la division), pour lui demander de lui fournir certains ouvrages qu’il possède. L’historien François Picaret, dans son livre Gerber un pape philosophe (éd.1897), commente: « Jamais érudit de la Renaissance où de nos jours n’a fait en tout temps et en tout pays, une chasse plus ardente aux livres de toute espèce ». Gerber qui considérait l’astronomie comme le « prolongement de la philosophie et de la théologie » fut un pionnier de la diffusion des connaissances en occident.