Les académies des sciences

Avant d’avancer plus loin, il serait intéressant à l’aube du siècle des lumières de voir comment sont organisés la conservation, le partage et la restitution de leurs travaux. A ce propos, on ne peut ignorer le rôle des académies. La première d’entre elles apparait en Italie. Elle regroupe des savants sous le nom d’Accademia dei linceii (académie des lynx, animal symbole de la puissance de vue des sciences). Son premier rôle important fut de défendre un de ses membres, Galilée, lors de son procès. Mais plus tard, elle se compromet en dénonçant le système de Copernic. En 1160, une autre académie voit le jour en Angleterre. Elle puise ses origines dans les réunions informelles organisées à partir de 1640 par un groupe de savants dont les débats portent sur la « nouvelle philosophie ». Ces derniers cultivent l’indépendance d’esprit, convaincus que l’expérience est le meilleur moyen d’établir la vérité scientifique. Le 28 novembre 1660, ils créent  le « Collège pour la promotion de la physique-mathématique expérimentale ». Deux ans plus tard, le roi Charles II leur accorde un statut et leur collège devient « The Royal Society of London for improving National Knowledge. » (Société royale de Londres pour le développement des connaissances de la nation). La devise de cette académie: « nullius in verba » signifie « jamais sur parole » et rappelle sa volonté de n’admettre pour vrai que ce qui sera démontré par l’expérience et en aucun cas l de ne se satisfaire de la seule autorité d’une personne.
En France, l’Académie des sciences nait sous le règne Louis XIV. Elle a pour but de favoriser les échanges entre savants. Ces derniers ne peuvent généralement pas vivre de leur science qui n’est pas un métier. Ce sont des passionnés qu’on nommerait de nos jours, amateurs éclairés. Ils ne disposent d’aucune structure pour se réunir et échanger et ne peuvent que se placer sous la protection de mécènes qui entretiennent divers « cercles savants » que l’on voit apparaitre dés le XVIème siècle. Le 22 décembre 1666, Colbert regroupe quelques savants dans la bibliothèque du Roi afin d’entendre leurs avis sur différentes questions comme la lutte contre l’ensablement du port de la Rochelle, alors stratégique pour les forces navales du Roi ou encore la production et la transformation du bois de chêne qui entre dans la construction des navires ou d’autres questions variées à caractère essentiellement technique.

Pendant une trentaine d’années, ils se réunissent en séances de travail bihebdomadaires. Le 20 Janvier 1699, le Roi offre à ce groupe ses premiers statuts et l’installe au Louvre sous le nom d’Académie royale. (ci-dessus, Louis XIV visitant son académie). A ses origines l’Académie est composée de soixante dix membres, comprenant des permanents, des associés, (généralement résidant en province et ne pouvant assister à toutes les séances) et des étrangers. Ses statuts demeurent inchangés jusqu’en 1793, date à laquelle la Convention supprime toutes les académies en leur reprochant d’être constituées d’aristocrates royalistes. Deux ans plus tard réapparait un «Institut National des Sciences et des Arts » composé de cent quarante quatre membres, répartis en trois classes: physique et mathématique, morale et politique, littérature et beaux arts. En 1803, le consul Napoléon Bonaparte supprime la classe de morale et politique. En 1816, après maints épisodes et un déménagement dans les bâtiments qu’elle occupe aujourd’hui, l’Académie des sciences retrouve son autonomie et sa structure, placée sous la protection du chef de l’état. En 1835, son secrétaire François Arago mathématicien et astronome, met en place les « Comptes rendus de l’Académie des sciences » qui deviennent essentiels dans la communication des travaux de ses membres. On peut regretter que ses publications exclusivement en français aient limité sa visibilité et la reconnaissance internationale qu’elle était en droit d’attendre. Un décret du 31 janvier 2003 qui porte le nombre de ses membres à deux cent cinquante, fait évoluer sensiblement ses statuts et redéfinit ses missions, pour lui permettre enfin de s’ouvrir davantage sur le monde actuel.