John Goodricke (1764-1786)

John Goodricke (1764-1786) est né à Groningen aux Pays Bas, ainé des cinq enfants du diplomate Anglais Henri Goodricke et de Levina Benjamina Sessler, fille d’un commerçant allemand de Namur. John est atteint de surdité un an après sa naissance, probablement des suites d’une scarlatine. Il ne sait pas parler jusqu’à l’âge de huit ans. Ses parents l’envoient à Edinburgh dans une école spécialisé. Après une longue période d’apprentissage, il est capable de se faire comprendre. Il se met à étudier les matières scientifiques. A l’âge de treize ans, il entre à l’académie de Warrington dans le New Yorkshire et se rapproche de son cousin Edward Pigott, astronome amateur dont le père Nathaniel possède un observatoire. Contrairement à Edinburgh, Warrington ne dispose pas de section prenant en charge les élèves ayant un handicap, ce qui n’empêche pas John de devenir un excellent étudiant en mathématiques et chimie. Il s’accommode de sa surdité en lisant sur les lèvres de ses professeurs pendant les cours. On notera que Jean-Paul Marat, le célèbre révolutionnaire français, immortalisé par un tableau qui le représente assassiné dans sa  baignoire, a été pendant un temps son professeur de physique. En 1781, Henri Goodricke vient s’installer dans le Yorkshire. Depuis la maison familiale, John effectue l’essentiel de ses observations et découvertes. Pigott, qui a répertorié des étoiles variables, lui remet un jour une liste des plus remarquables d’entre elles. Goodricke étudie alors la périodicité de l’étoile Algol et découvre les variations de Delta de Céphée puis, celles de Béta de la Lyre. A vingt et un ans, son travail lui vaut déjà un titre de « fellow » de la Royal Society et la médaille Copley. Depuis la fin du XVIème siècle, l’apparition des télescopes permet d’effectuer des comparaisons de luminosité de plus en plus précises sur les étoiles. Déjà, à l’époque de Galilée, David Fabricius avait remarqué que l’étoile de la Baleine, Mira Ceti, avait une intensité lumineuse qui variait dans le temps.

Montanari avait fait la même constatation sur l’étoile Algol de Persée. John Goodricke est le premier qui analyse précisément ces phénomènes de variations lumineuses. Il remarque leur caractère périodique et parvient à déterminer la durée des fluctuations. Pour l’étoile Algol, il mesure soixante huit heures et cinquante minutes et note parallèlement que les variations se produisent pendant environ soixante minutes puis, que la luminosité se stabilise durant les soixante sept heures restantes. Il émet deux hypothèses: Dans la première, il attribue à l’étoile des taches comme celles qui se trouvent à la surface du Soleil; mais, il faudrait que ces taches soient fixes, positionnées sur une même face de l’étoile et que cette dernière effectue de plus, sur elle-même, une rotation complète en soixante huit heures. Il rejette cette proposition qui requiert trop de préalables et en fait alors une deuxième. Il imagine une étoile « secondaire » en orbite autour d’une étoile « principale » plus lumineuse et montre comment cette étoile « secondaire », passant devant la principale, peut occasionner brusquement une chute de la luminosité apparente de l’ensemble des deux astres (schéma ci-dessous) L’interaction gravitationnelle, supposée par Goodricke, s’appuie sur les lois de Newton qui justifient sans équivoque la possibilité qu’un tel phénomène puisse se produire.

Goodricke mesurera la période d’autres étoiles comme Sheliak (Béta de la Lyre) évaluée à 12 j 20 h ou Altaïs (delta de Céphée) dont le cycle est de 128 h 45 mn. Cette dernière étoile donnera son nom à une classe d’étoiles variables, les céphéides. Malheureusement, Goodricke meurt prématurément à l’âge de vingt et un ans, après avoir contracté une pneumonie au cours de ses longues nuits d’observation. Cette maladie fatale met un terme à une carrière qui s’avérait prometteuse. John Goodricke avait toujours tenu à ne pas être considéré comme un handicapé, du fait de sa surdité. Il disait qu’elle lui avait au contraire donné la force de se surpasser. Il n’aura pas le temps de publier d’ouvrage, ses notes seront simplement insérées dans les Transactions philosophiques  de la Royal Society.