John Flamstead (1646-1719)

John Flamstead ou Flamsteed (1646-1719) est né à Derby, dans la province du Derbyshire en Angleterre. Son père était un riche paysan. John commence ses études primaires dans son village natal, mais à l’âge de quatorze ans, il a un grave refroidissement à la suite d’une baignade et contracte une maladie rhumatismale des articulations qui ébranle sa constitution déjà fragile, au point de ne pouvoir lui permettre d’intégrer l’université. Son père lui enseigne ce qu’il sait de mathématiques et quelques amis l’aideront à parfaire ses connaissances. Avide de savoir, il cherche à s’instruire par tous les moyens. Un jour il se procure, grâce à un de ses camarades écolier, le Traité des sphères de Sacrobosco. Il se plonge alors dans sa lecture et, bien vite, il se familiarise avec son contenu, tout en se découvrant une passion pour l’astronomie. Ses connaissances assez limitées en mathématiques ne lui permettent pas de comprendre tous les passages du livre, ses études primaires l’ayant davantage initié à l’histoire. Il entreprend toutefois de reproduire certaines expériences décrites dans l’ouvrage de Sacrobosco, se disant qu’il s’agit du meilleur moyen pour appréhender son œuvre. Il commence par expérimenter des cadrans solaires. Un ami de son père ayant vu ses réalisations, lui offre les Tables carolines de M.Steet ( tables astronomiques comportant des suites de nombres qui servent à déterminer les lieux et les mouvements des objets célestes). Il se met à calculer les positions des astres à partir des indications contenues dans ces tables. C’est alors qu’un de ses calculs tombe dans les mains d’un mathématicien nommé Halston qui apprécie ses résultats et lui procure des livres d’astronomie, dont l’Almageste, Almagestum novum de Riccioli et les tables Rudolphines, Tabulae Rudolphinae de Kepler. Flamsteed étudie tous ces ouvrages et calcule une éclipse du Soleil qui doit avoir lieu le 26 juin 1666 et qui n’est pas mentionnée dans les éphémérides existants. Il fait parvenir une copie de son travail à Lord Brouncker (mathématicien, président de la Royal Society) qui, après avoir fait vérifier les résultats de Flamsteed par un collège d’astronomes, lui adresse une lettre de remerciements, l’éclipse se produira comme le jeune homme l’avait prédit.

Il avait également calculé quelques occultations d’étoiles voisines de la Lune qui devaient avoir lieu en 1670. A cette occasion, John Collins, membre de la prestigieuse Académie va entamer avec le jeune homme une correspondance durable. Le père de John qui initialement voyait d’un mauvais œil la nature des études de son fils, est finalement honoré de son succès. Il l’encourage à se rendra à Londres afin d’y rencontrer ses illustres correspondants. Flamsteed profite de ce voyage pour se placer sous la protection de Jonas Moore qui lui permet de s’inscrire à Cambridge où il peut approfondir ses connaissances. Il se procure un micromètre ainsi que des lentilles en verre qui lui permettront de fabriquer ses premiers instruments de mesure et d’observation. Flamsteed se consacre à la lecture d’autres ouvrages, notamment un traité d’optique de Descartes. Il passe l’essentiel de son temps à observer le ciel nocturne. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Newton. En 1672, il publie un premier traité dans lequel il donne les diamètres réels et apparents des planètes. Il informe Newton de ses travaux qui en reprend une partie dans le tome IV de ses Principia . Flamsteed mène également un combat contre l’astrologie en publiant des éphémérides pour mieux la réfuter. A  cette époque, il obtient le titre de « maitre es-arts » de l’université de Cambridge et entre dans les ordres pour devenir prêtre en 1675. On lui propose alors de rejoindre Londres où il obtient le titre d’astronome du Roi. Ce titre ne lui procure qu’une faible pension de cent livres qui ne suffit à lui permettre de financer son matériel. Il est nommé Directeur du tout nouvel observatoire de Greenwich qui prend le nom de « Flamsteed-House ». Mais cette célébrité bien relative ne lui épargne pas une certaine précarité qui ne l’empêchera cependant pas de travailler assidument à la réalisation d’un grand catalogue dans lequel il souhaite répertorier les étoiles. Il crée à cette occasion une désignation spécifique qui, à la différence de celle de Bayer, utilise un nombre au lieu de la lettre grecque comme préfixe. Ainsi, par exemple, l’étoile Dubhe  (Dubb signifie ours en arabe) dans la constellation de la Grande Ourse, qui se nomme alpha Ursa Majoris  sur les cartes de Johann Bayer devient 50 Ursa Majoris, dans celle de Flamsteed.  

(Ci-contre, salle d’observation de Flamsteed à Greenwich). Les relevés de Flamsteed contiennent une surprise. Le 23 décembre 1690, il a identifié ce qu’il pense être une étoile dans le Taureau et qu’il nomme « 34 Tau » en réalité cette étoile n’est autre que la planète Uranus, dont on attribuera la découverte à William Herschel, quatre vint onze ans plus tard. La seule découverte attribuée à Flamsteed sera celle de la nébuleuse du Lagon située dans la constellation du Sagittaire, connue dans le catalogue de Messier sous le nom de M8 et que Flamsteed a mentionnée dès 1680. Pendant qu’il répertorie les étoiles, il a l’occasion d’améliorer les méthodes et l’instrumentation, à tel point qu’un siècle plus tard on les utilisait encore. Flamsteed qui vient de dépenser en quelques années la totalité de ses biens personnels, ne peut financer la publication de son catalogue. Le prince Georges du Danemark, ayant eu connaissance du problème, propose à Flamsteed de prendre en charge cette publication. Un comité d’astronomes, dont Newton et Halley font partie, est chargé d’examiner les documents de Flamsteed. Il se passe à cette occasion un incident qui sera probablement la cause de sa brouille avec Newton. En effet, les astronomes ont  demandé à Flamsteed de leur fournir ses notes concernant son catalogue d’étoiles.

Flamsteed, astronome méticuleux, qui ne souhaite pas voir publier sous son nom un document inachevé, propre à jeter sur lui un discrédit, prend soin de faire apposer des scellés sur son manuscrit incomplet et s’assure qu’ils ne seront pas rompus avant qu’il n’achève sa cartographie céleste. Le comité fait manifestement traîner ses conclusions ( trois ans après avoir pris connaissance des écrits de Flamsteed, le second volume n’était pas encore imprimé). Quelle n’est pas la surprise de Flamsteed lorsqu’il découvre qu’on avait brisé les sceaux protégeant le manuscrit de son catalogue incomplet et qu’il était déjà à l’impression. Quelques jours après, des feuillets de son catalogue circulaient dans les mains d’éminents astronomes. On raconte qu’Halley en montra même dans un café, en se vantant qu’il les avait pris pour y apporter des corrections, suggérant que le travail de Flamsteed était loin d’être irréprochable. Finalement, Halley alla jusqu’à publier la totalité du catalogue inachevé de Flamsteed sans avoir eu aucunement l’autorisation de l’auteur. Ce dernier particulièrement offensé s’en prit à Newton dont il sentait qu’il pouvait être l’instigateur de cette supercherie. Flamsteed l’accusa de lui avoir dérobé ses travaux et Newton lui répondit de manière injurieuse. Flamsteed ayant terminé ses relevés, souhaita alors imprimer à son propre compte le fameux catalogue, il réclama à Newton les cent soixante quinze pages de son premier manuscrit. Ce dernier refusa de les lui restituer et un procès s’en suivit dans lequel Flamsteed laissa l’essentiel de ses revenus. Il fallut attendre les décès de la reine Anne et du Comte d’Halifax, tous deux protecteurs de Newton, pour que Flamsteed devenu plus puissant à la cour que ses adversaires, puisse récupérer la totalité de ses manuscrits. Il semble qu’il n’en conserva qu’une partie et fit brûler le reste. Mortimer dans son ouvrage le Plutarque anglois reproche en ces termes à Flamsteed un certain laisser aller: « La fortune l’ayant comblé de ses bienfaits, il négligea l’étude pour se livrer à la mollesse ». Newton, avant lui disait de Flamsteed qu’il avait « déserté le ciel pour s’abaisser jusqu’aux mortels ». La réponse de Flamsteed ne s’était pas faite attendre : « J’ai calculé beaucoup d’éclipses, lui répliqua t’il,  mais je n’avais pas prévu celle qui obscurcit tous nos talents. Vous êtes un astre Monsieur Newton, et nous ne sommes que des étoiles de la dernière magnitude ». On notera au passage que les reproches faits à Newton, attestent que l’éminent savant était effectivement peu enclin à se mettre à la portée des gens ordinaires et que le reproche qu’il fait à son interlocuteur n’est pas sans montrer chez lui une condescendance bien réelle. Même s’il semble exact que Flamsteed, une fois marié, prit goût à la vie en société, au point de ralentir sensiblement les travaux auxquels il avait consacré avec assiduité plus de quarante années, peut-on le blâmer d’avoir su faire en quelque sorte la part des choses? Il mourut sept ans avant l’impression de son catalogue Atlas coelestis, que sa veuve fit publier en 1725. Ci-après,une gravure du catalogue de Flamsteed qui répertoria 2866 étoiles, soit près du double que le catalogue d’Hevelius n’en avait mentionné.