Jesse Ramsden (1735-1800)
Jesse Ramsden (1735-1800), est né à Salterhebble prés de Halifax dans le Yorkshire. Son père, Thomas, est fabricant de draps. Jesse fait ses études primaires jusqu’à l’âge de douze ans à l’école publique de son village. Par la suite, il est envoyé chez son oncle M. Craven, dans le nord du Yorkshire pour entreprendre des études de mathématiques sous la tutelle du révérend Hall. En 1751, il est apprenti tailleur à Halifax puis se rend à Londres en 1755. Il travaille alors dans un entrepôt de tissus. L’année suivante, il est apprenti chez Mark Burton, graveur et fabricant d’instruments scientifiques. Quatre ans plus tard, il s’installe à son compte. Dans le Dictionnaire universel historique (tome IX), publié en 1810, on peut lire : « Ramsden ayant eu de fréquentes occasions de voir des instruments de mathématique, qu’on lui apportait à graver, ses études se tournèrent vers l’art de les construire; Il s’y applique avec tant de succès, qu’en 1763, il avait fait des instruments pour la plupart des meilleurs artistes de l’Angleterre. En 1768, il ouvrit une boutique à Haymarket… ». Ramsden est voisin de John Dollond, avec le fils duquel il devient ami. Il épouse Sarah Dollond, la fille de John et devient copropriétaire du brevet qui protège la découverte de son beau père sur la fabrication des lentilles achromatiques. Ramsden ouvre un nouvel atelier où il se consacre à la fabrication d’oculaires pour télescopes et longues vues. Il conçoit un oculaire original en faisant évoluer celui de Huygens (qui fut le premier à utiliser deux lentilles), assemblé vers 1703 et qui permettait de réduire le très fort chromatisme perceptible dans les oculaires à une seule lentille.
La figure ci-contre, montre les différences entre les deux montages. Celui de Huygens, de type Plan-convexe et celui de Ramsden, assemblage où la lentille de champ est remplacée par un ménisque concave-convexe, tandis que la lentille d’œil reste plan-convexe. Ramsden est un des précurseurs du machinisme industriel. Il améliore le théodolite d’arpenteur et le baromètre à mesurer les altitudes. Il construit des pyromètres pour la mesure de la dilatation des corps, fabrique des montures équatoriales, manomètres, balances, télescopes et autres instruments de mesure astronomique comme le micromètre et le quart de cercle mural.
Ses instruments sont connus et réputés dans toute l’Europe. Ses ateliers de fabrication comptent une cinquantaine d’employés, ce qui ne l’empêche pas d’avoir parfois des délais de livraison de plusieurs années. Giuseppe Piazzi, lui fait fabriquer un grand cercle astronomique pour équiper son observatoire de Palerme. L’amiral Nelson, vainqueur de la bataille navale de Trafalgar, utilise une longue vue qui sort de ses ateliers. Le capitaine James Cook, célèbre explorateur et cartographe est également un de ses clients. Cassini lui achètera des instruments pour l’Observatoire de Paris. Ramsden est aussi un novateur. Il fabrique une machine électrostatique dont les scientifiques ne sauront exploiter les propriétés qu’une soixantaine d’années plus tard. Constituée d’un disque en verre, entrainé par une manivelle, elle met en évidence les charges électriques créées sur ce disque, sur lequel frottent quatre coussinets de cuir remplis de crin.
Il conçoit aussi une machine à diviser les cercles , qui permet de graver des divisions angulaires précises et régulières ou de refaire l’étalonnage d’anciens instruments de mesure. En outre, cette machine permet d’envisager la production en série. Ainsi, Ramsden fabrique plus d’un millier de modèles du sextant qu’il a conçu (voir page suivante), avec une division angulaire de 50° au lieu des divisions de 60° généralement utilisées sur ce type d’instruments. Ses affaires sont florissantes, au point qu’en 1773, il ouvre une seconde boutique à Piccadilly au cœur de Londres. Son épouse ne le rejoint pas, ce qui peut laisser entendre que son ménage ne fonctionnait pas très bien.
Les instruments présentés ici sont des exemples de réalisations de Ramsden. Le premier à gauche est un sextant en bronze, utilisé pour la navigation. Le second est un théodolite construit vers 1785, dont la mise au point a duré trois ans. Posé sur une base circulaire de trois pieds il pèse environ 100 kg, il peut effectuer des mesures avec une précision d’une seconde d'arc. Il a été utilisé par les ingénieurs géomètres royaux du Général William Roy, pour établir les distances séparant Greenwich, Londres et Paris (ce travail a servi de préliminaire à la cartographie par triangulation de la Grande-Bretagne effectuée en 1791). La troisième gravure représente le cercle azimutal fabriqué pour l’observatoire de Palerme. Ce grand cercle vertical de cinq pieds sera utilisé par Giuseppe Piazzi alors directeur de l'observatoire, pour la réalisation de son catalogue stellaire. Cet astronome, dont je parlerai dans les pages qui suivent, a découvert le premier l’astéroïde, Cérès, le 1er janvier 1801, en utilisant cet instrument. La dernière image, ci contre, montre la machine électrostatique évoquée page précédente. Ramsden reçoit la médaille Copley et devient membre de la Royal Society le 12 janvier 1786 puis, il reçoit celle de l’Académie de Saint Petersbourg en 1794. Il meurt le 5 novembre 1800 à Brighton où il était allé se reposer.