Henrich Schwabe (1789-1875)
Samuel Heinrich Schwabe (1789-1875) est né à Dessau près de Berlin. Son père est médecin du duc Léopold III et sa mère, fille d’un pharmacien. Heinrich fait des études de pharmacie à l’université et marque un intérêt pour la botanique et l’astronomie, qu’il étudie à temps perdu. En 1809, à la mort de son père, il reprend la pharmacie familiale. Par hasard, en 1825, il gagne un télescope dans une loterie et se passionne à tel point pour l’observation qu’il commande, l’année suivante, une lunette astronomique plus performante à l’atelier de Joseph Von Fraunhofer. Il se met alors à la recherche d’une planète hypothétique qui pourrait se situer tout près du Soleil, à l’intérieur de l’orbite de Mercure. Mais la lumière solaire est telle, qu’elle rend impossible d’effectuer des recherches dans sa proximité. Heinrich décide donc qu’il va plutôt observer la surface solaire, en espérant y trouver tôt ou tard une petite tache circulaire qui corresponde à cette planète. Pendant dix sept ans, de 1826 à 1843, Schwabe observe le soleil plus de quatre mile deux cents fois et dessine scrupuleusement toutes ses taches (ci-dessous), dans l’espoir que leur analyse fera apparaitre la supposée planète. Entre temps, en 1829 il a revendu sa pharmacie pour se consacrer entièrement à ses recherches en astronomie et en botanique. Il donne également des cours aux enfants du duc. Il publie un livre en deux volumes Flora Anhaltina, dans lequel il décrit deux mille quatre cents plantes. Il constitue également un herbier de trois mille trois cent cinquante spécimens qui existe encore aujourd’hui. En 1841, il se marie, mais devient veuf quatorze ans plus tard. En astronomie, lorsqu’il fait le point sur ses nombreuses notes d’observation de taches solaires, il a l’idée d’établir un tableau reprenant les dates, le nombre de taches observées et les durées d’observations. Il se rend compte que ces taches solaires apparaissaient et disparaissaient suivant un cycle qu’il peut évaluer à une dizaine d’années, en prenant leur apogée comme référence.
On sait aujourd’hui que ces cycles ont une durée de onze années. Schwabe ne disposait pas de suffisamment d’observations pour parvenir à cette conclusion (Ci-dessous: cycles de Schwabe de 1700 à 1980). Il publia ses résultats Observations solaires, auxquels la communauté scientifique n’apporta pas un grand intérêt. Ce n’est qu’en 1847 et 1851 que des astronomes professionnels comme Rudolf Wolf de Bernes ou Alexandre Von Humboldt, observent à leur tour les taches solaires et sont en mesure de confirmer la découverte de Schwabe qui n’était encore qu’un astronome amateur. En 1857, son travail reconnu par la Royal Astronomical Society de Londres lui vaut une médaille d’or et en 1868, l’élection à la Royal Society. Schwabe aura passé près de quarante six années a observer le Soleil, la Lune, les planètes et les comètes de notre système. Sa découverte a d’importantes retombées et a suscité de nombreux travaux qui dépassent le cadre de l’astronomie. Par exemple, de nos jours, les météorologues étudient encore l’influence des taches solaires sur le climat. Schwabe était un passionné, éclectique et infatigable. A soixante-dix-neuf ans, il s’est lancé dans la géologie et la collection de minéraux.