Benoit XIV (1675-1758)

Le pape Benoit XIV (ci-contre) est celui qui amorce une ouverture du Vatican aux avancées scientifiques du siècle des lumières, plus particulièrement à l’astronomie et ses récentes découvertes. Il marque le XVIIIème siècle d’un long pontificat de dix huit années au cour duquel il fait preuve de remarquables qualités de législateur, de diplomate d’ouverture intelligent et de fin politicien qui favorise l’essor de l’enseignement. Benoit XIV (1675-1758) fut pape de 1740 à 1758. Il fut élu par un conclave qui dura six mois. On pourrait imaginer que son élection difficile n’était pas un bon présage pour la suite; il n’en fut rien. Benoit se définit lui-même comme: «un honnête homme, vertueux et charitable». D’esprit ouvert, il favorise toute forme d’échanges. Il n’est conservateur qu’en matière de réforme liturgique. Il assouplit les rigueurs de l’Inquisition, entre en contact avec des représentants d’autres religions et des monarques hostiles à la sienne, comme en témoigne une lettre au septième Dalaï Lama et ses contacts avec Fréderic II, roi de Prusse, connu pour son anticléricalisme et son amitié avec Voltaire, le libre penseur. Pour établir ce dernier contact, il se servira de l’entremise de Pierre louis Moreau de Maupertuis, scientifique mais également grand diplomate (p.112 à 114). Afin de promouvoir l’enseignement, Benoit XIV crée les chaires de physique, chimie et mathématiques à l’université de Rome et rétablit l’Académie de Bologne. Il perçoit clairement les transformations et les enjeux du siècle des lumières. Une de ses lettres au cardinal de Tencin, archevêque de Lyon, nous le montre « Je gémis de ce que la France se remplit de beaux esprits, qui affectent l’incrédulité, tandis que ses plus grands génies furent autrefois soumis à la religion. Je gémis de ce qu’on prend la honte même pour la gloire, des railleries pour des arguments; de ce qu’on regarde enfin ce siècle comme éclairé parce qu’il est plus audacieux. En donnant à la Terre ce qu’on ôte au Ciel, à la nature ce qu’on soustrait à Dieu, on forme un chaos qu’il est impossible de débrouiller. L’homme n’est plus lui-même si on l’isole d’un créateur; et le terme de son existence doit faire le supplice de sa vie. Vos auteurs ont vu qu’ils ne pouvaient prétendre à des réputations aussi brillantes que les anciens, et ils ont dit dans leur cœur : Ouvrons-nous un chemin à travers les paradoxes, et nous étonnerons par la singularité. La nation aimable, mais légère, les a crus sur parole, d’autant mieux qu’on se plaît à ne plus rien approfondir, et l’on a crié de toutes parts: Voilà nos oracles et nos dieux, ils permettent tout, excepté l’assassinat et le vol: rien de plus commode; il faut les écouter. Quand les passions portent la bannière, on est sûr de voir une nombreuse procession ». Ayant reçu des preuves de la trajectoire orbitale de la Terre, Benoit XIV lève, en 1741, l’interdiction de publication qui frappait les travaux de Galilée. Clairvoyant, il prend part à la révolution copernicienne et en 1757, autorise la publication des œuvres favorables à l’héliocentrisme, par un décret que promulgue la « congrégation de l’Index ». Son ouverture s’accommodera autant que sa charge le lui permet de l’esprit des Lumières auquel il ne s’opposera pas frontalement. Il se montrera attentif aux progrès scientifiques et agira en conséquence dans ses décisions au nom de l’Église.