William Henri Pickering (1858-1938)
William Henry Pickering (1858-1938) est né à Boston. Frère cadet d’Edward Charles, il se montre brillant et fait preuve d’une véritable voracité pour tout ce qui touche au domaine scientifique. Il fait ses études au M.I.T où il obtient son diplôme à vingt et un ans. Il y enseigne la physique quelque temps puis rejoint l’observatoire de Harvard en 1887 en tant que professeur assistant en astronomie. En 1878, il a sa première expérience d’astronome en observant la couronne solaire lors d’une éclipse et en effectuant des mesures sur la polarisation du milieu coronal. En effet, en 1858 le français Emmanuel Liais, à l’occasion d’une éclipse qu’il observe au Mexique, découvre ce phénomène qui résulte de la lumière de la photosphère, renvoyée polarisée par les électrons ionisés de la couronne solaire. William incite et soutient son frère, alors directeur de l’observatoire de Harvard, à lancer un vaste programme de surveillance photographique du ciel et à se doter des moyens techniques nécessaires. C’est lui qui assurera la direction des opérations de prise de vue sur le terrain. Vers 1894, il publie les premiers résultats obtenus Quantitative Photography, et apporte des précisions sur les caractéristiques optiques du matériel utilisé, qui feront référence en astrophotographie. Il expose par exemple le problème déjà présent de la pollution lumineuse, due aux becs de gaz des éclairages publics urbains ou aux quelques lampes électriques à incandescence qui commençaient à les remplacer. Il propose d’apporter des corrections adaptées aux plaques photographiques. Ses compétences en astrophotographie sont reconnues. Son frère lui donne la possibilité d’aller développer ses techniques sous des cieux plus purs. D’abord à Pike’s Peak au Colorado puis au Mont Wilson (qui deviendra un des hauts lieux de l’astronomie mondiale ), puis à Arequipa au Pérou et à la Jamaïque. Edward Pickering fait en effet bâtir des observatoires considérés comme des ramifications de celui de Harvard.
Après avoir effectué des séjours et travaillé dans ces différents observatoires, William rentre à Harvard pour analyser les nombreuses données qu’il a collectées. En mars 1899, à partir de plaques photographiques réalisées au Pérou, il découvre un neuvième satellite de Saturne baptisé Phoebe. Il établit sa trajectoire qui présente la particularité d’être rétrograde (elle tourne en sens inverse de la rotation de Saturne), faisant supposer que Phoebe est d’origine différente que les autres satellites de la planète. On en déduira qu’il aurait été capturé ultérieurement par l'attraction gravitationnelle de la planète géante. Pickering photographie également la Lune, durant sept mois et publie, en 1903, un atlas complet comprenant des images d’une qualité alors inégalée (ci-dessous). En 1907, il rédige un article sur l’existence d’une planète transneptunienne, dans lequel il se fonde, comme Lowell, sur les perturbations constatées que subit la trajectoire d’Uranus, mais il ne parvient pas à observer cette planète. Il prend aussi sa part dans le débat qui agite la communauté scientifique au sujet de la vie sur Mars. Il émet une hypothèse, concernant la Lune, qui se dissocie radicalement de Lowell qui admettait une vie intelligente extraterrestre, à laquelle il préfère supposer l’existence d’une vie primitive végétale, ralliant ainsi les thèses de Darwin.
Il pense qu’à ses origines, la Lune est un fragment détaché de la Terre, au niveau de l’océan Pacifique et qu’elle dispose d’eau et de zones de végétation à sa surface. Précurseur, il imagine également qu’a ses origines la Terre ne comprenait qu’un seul continent formé par l’Asie, l’Afrique, l’Amérique et l’Europe, avant même que l’astronome allemand Alfred Wegener pose sa théorie de la dérive des continents dans La genèse des continents et des océans. A l’âge de 66 ans, il se retire à Mandeville en Jamaïque, où il finira ses jours dans l’observatoire qu’il entretient à ses frais. Il fut membre de la Royal Astronomical society of Canada.