Percival Lowell (1855-1916)

Percival Lowell (1855-1916) est né à Boston. Il est issu d’une famille de riches aristocrates. En 1876, il obtient avec mention, son diplôme de mathématiques à l’université de Harvard. Il donne une première conférence sur les nébuleuses, dont le contenu est considéré comme étant en avance sur son temps. Parallèlement, il se lance dans les affaires et fait fortune dans l’industrie textile, au sein d’une société fondée par son grand-père. Il effectue ensuite de nombreux séjours en Extrême-Orient où il est chargé de quelques missions diplomatiques. Il visite la Corée puis le Japon. Il rédige plusieurs ouvrages à caractère sociologique, traitant de la religion, de la psychologie et du comportement des Japonais. Son intérêt pour l’astronomie réapparait lorsqu’il lit un ouvrage de Camille Flammarion sur la planète Mars et qu’il prend connaissance des travaux de Giovanni Schiapparelli. En 1893, il retourne aux États-Unis et use de son influence pour fonder, l’année suivante, l’observatoire de Flagstaff en Arizona, dont il finance personnellement la construction et l’équipement. Cet observatoire est situé à une altitude de 2.100 m et loin de la lumière des grandes villes, condition idéale pour l’observation planétaire. Durant les quinze années qui suivirent, Lowell se consacra à l’étude de Mars. Il publia une carte de la planète sur laquelle il répertoriait avec précision un grand nombre de canaux qu’il considérait comme un immense réseau d’irrigation artificiel, que les martiens avaient bâti pour faire face à d’importantes sécheresses menaçant leur planète. Dès lors, Lowell entre dans des descriptions détaillés des ouvrages martiens et fait preuve, dans cet exercice, d’une imagination particulièrement féconde, mais qui s’éloigne totalement de la réflexion purement scientifique. En ce début du XIXème siècle, les extraterrestres sont très à la mode et nombreux sont ceux qui vont se laisser aller à émettre des théories rivalisant d’originalité. Lowell ne fera pas exception en la matière et ira même jusqu’à organiser des conférences sur le sujet.

La photographie apparait comme un recours. Earl Slipher, un des collaborateurs de Lowell, réalise une série des clichés décevants qui ne font pas apparaitre les traits sombres figurant sur les cartes de Lowell (ci-contre) ou de celle de Schiaparelli. Malgré l’incertitude qui règne, le Wall Street journal n’hésite pas à présenter ces photos comme des évènements majeurs, témoignant d’une vie consciente et intelligente sur Mars. Lowell a publié trois ouvrages: Mars en 1895, Mars et ses Canaux  en 1906 et Mars, la demeure de la Vie en 1908. La théorie de Lowell est très populaire. En 1898, parait La guerre des mondes, de HG. Wells, inspiré par les travaux de Lowell. On y retrouve des martiens qui abandonnent leur planète mourante pour partir à la conquête de la Terre. Quelques astronomes rigoureux, comme l’américain Édouard E.Barnard de l’observatoire de Yerkes ou le français Gaston Millochau, qui utilise la grande lunette de Meudon, qui compte parmi les plus puissantes au monde, ne parviennent pas à apercevoir les canaux. En 1909, l'astre est au plus près de la Terre et Eugène Antoniadi tranche la question. Il ne voit aucun canal et télégraphie alors à Lowell un message moqueur: «Lunette de Meudon trop puissante pour montrer les canaux».

Lowell, qui n’est plus pris au sérieux, est considéré comme un original par la communauté des astronomes. Il tente de redorer son image en se consacrant à la recherche d’une neuvième planète au delà de Neptune. Il envisage de suivre une méthode inspirée de celle de Le Verrier et essaie de déceler des anomalies dans l’orbite de Neptune. Malheureusement, il se heurte à l’insuffisance de précision de ses instruments et doit se rabattre sur l’analyse de l’orbite d’Uranus. Après de lourds calculs, il est en mesure d’affirmer qu’il existe une planète qu’il nomme (X), située à 47,5 ua, qui aurait une période de trois cent vingt sept ans et une masse de 0.4 fois celle de la planète Neptune.
En 1905, en vue de découvrir cette planète, son équipe composée de Carl Lampland, Vesto Slipher et Earl Slipher, effectue une première campagne de photographies qui va s’étaler sur trois ans. Mais un autre concurrent, l’astronome William Pickering qui cherche déjà cette planète située au-delà de Neptune, utilise lui aussi des images photographiques du ciel. Une véritable course est amorcée. Lowell fait l'acquisition d'une machine appelée comparateur à clignotement, qui devait lui permettre d’accélérer l’analyse des clichés. Mais la planète prédite demeure introuvable. Percival Lowell meurt en 1916. Dans son testament il prévoit de laisser une somme d’argent suffisante pour permettre à son observatoire (ci-dessous) de fonctionner.

Des conflits d’héritage avec son épouse réduiront le montant de cette attribution. Une dizaine d’années plus tard, l'observatoire manquera de moyens pour rénover son matériel. Aboot Lauwrence Lowell, le frère de Percival offre dix mille dollars pour la construction d’un télescope de treize pouces, confié à l’astronome Clyde William Tombaugh. En 1930, ce dernier découvrira enfin la planète recherchée, après un examen minutieux de centaines de plaques photographiques. Baptisée Pluton, elle puise son nom de la mythologie grecque. On remarquera que les deux premières lettres de son nom, correspondent aux initiales de Percival Lowell. Ce qui fut, pour la communauté scientifique, une élégante manière de rendre hommage au travail de l’astronome. Certains n’hésiteront pas à évoquer cette découverte, comme le fait d’un hasard. Dans un ouvrage de 1944, l’astronome français Vladimir Kourganoff rejettera ces allégations infondées en reprenant de manière détaillée les calculs de Lowell et de Pickering, concluant ainsi: «La thèse du pur hasard est absolument insoutenable, Pluton fut découverte dés 1915 par Lowell, et redécouverte en 1919 par Pickering grâce à la mécanique céleste, avant d’avoir été découverte pour de bon par C.W. Tombaugh en 1930.» Le 24 aout 2006, l’Union Astronomique internationale déclasse Pluton (seule planète découverte par un américain) du rang de planète, et en fait une «planète naine» baptisée «134340 Pluton».