John William Drapper (1811-1882)
John William Draper (1811-1882) est né à Saint Helen’s près de Liverpool. Son père, pasteur et amateur de sciences se charge de le sensibiliser, de sorte que lorsque John entre à l’école publique de Woodhouse Grove à Bradford, il ne tarde pas à révéler un goût certain pour les matières scientifiques. A dix huit ans, il se rend au collège universitaire de Londres pour étudier la chimie. A vingt ans, il épouse Antonia Coetana qui lui donnera six enfants. Malheureusement le décès de son père compromet ses projets. Il doit émigrer aux États-Unis d’Amérique avec sa mère et sa sœur. La famille s’installe dans la colonie de Wesleyan à Christianville en Virginie, où John occupe un poste de professeur. Il peut alors reprendre ses études scientifiques et se doter d’un petit laboratoire. Aidé financièrement pas sa sœur, il entreprend des études de médecine à l’université de Pennsylvanie. En 1836, il obtient son diplôme et on lui confie un poste d’enseignant en chimie, physique et philosophie au collège Sidney Hampden. L’année suivante, on lui propose un poste de professeur de botanique et de chimie à l’université de New York. Il poursuit parallèlement ses propres recherches. Connaissant les travaux de Daguerre et, en particulier l’action de la lumière sur l’argent, il tente à son tour de fixer des images sur des plaques sensibles qu’il vient de mettre au point. En 1839, Il réalise le premier portrait photographique connu, celui de sa sœur Catherine. Durant la guerre civile, il est nommé commissaire chargé de la surveillance des hôpitaux. Il publie à cette époque divers mémoires portant sur l’étude de la capillarité, l’osmose, la circulation de la sève dans les végétaux ou celle du sang chez les animaux. Il est le premier à photographier la Lune, dont il présente un cliché en mars 1840 au lycée d’histoire Naturelle de New York (ci-dessous à droite).
Draper qui prend une part active dans le développement de la photographie est également en relation avec d’autres chercheurs, comme Samuel Morse, avec qui il collabore pour la mise au point du télégraphe. En 1847, il publie un traité, "Production de lumière par la chaleur", qui contribue à promouvoir l’essor de l’analyse spectrale et qui comporte des éléments essentiels que Gustav Kirchhoff exploitera quelques années plus tard. Draper est aussi le premier à photographier un spectre (ci-dessous). Il publie "Production de la lumière par action sur les produits chimiques" et reçoit la médaille Rumford pour ses recherches sur les énergies radiantes. Il reçoit le titre honorifique de docteur en droit de l’université de Princeton. Il ne se limite pas aux sciences physiques. En 1843, il est élu à l’Américan Philosophical Society, fondée cent ans auparavant par Benjamin Franklin et qui caractérise la vivacité intellectuelle régnant déjà au siècle des Lumières dans les pays du nord de l’Amérique.
Cette société compta dans ses rangs Darwin, Pasteur, Von Humboldt ou Edison, ainsi que des nombreux hommes d’état. Draper fut le premier président de la American Chimical Society. En 1876, à l’occasion de son investiture, il fera un discours sur la science en Amérique. En tout, il a publié plus d’une centaine de documents entre 1832 et 1880, dont "Les conflits entre la science et la religion", qui sera traduit dans de nombreuses langues et réédité vingt fois en langue anglaise. Cet ouvrage fut froidement reçu par le Saint-Siège qui, tout comme il l’avait fait auparavant pour Galilée, Copernic et Kepler, le classifia Index Expurgatorius .