Henrietta Swan Leavit (1868-1921)

Henrietta Swan Leavitt (1868-1921) est née à Lancaster dans le Massachussetts. Elle est l’un des sept enfants du pasteur congrégationaliste Georges Roswell Leavitt et de Henrietta Swan Kendrick. Elle fait ses études à l’école publique de Cambridge puis, lorsque ses parents déménagent pour l’Ohio, elle entre en classe préparatoire au Oberlin Collège de Cleveland. Elle y reste deux ans, dont une première année passée au conservatoire de musique. A l’âge de vingt ans, elle entre à la Society of Intercollegiate Instruction qui deviendra le Radcliffe Collège où elle obtient son diplôme en 1892. Son intérêt pour l’astronomie semble être apparu assez tard. En 1895, elle fait une demande pour être assistante de recherche bénévole à l’observatoire du Collège de Harvard, dirigé par Edward Pickering. Son acuité visuelle et son esprit vif lui permettent de devenir membre permanent de l’observatoire, en 1902. Son salaire est alors de vingt cinq cents de l’heure et elle est astreinte à un régime de travail de six jours par semaine, sept heures par jour. Des problèmes de famille et de santé l’obligent cependant à interrompre épisodiquement son travail, de sorte qu’elle conduira une partie de ses recherches sur la North Polar Sequence (quatre vingt seize étoiles proches du pôle Nord, dont l’étoile polaire, qui est une étoile variable) depuis sa maison du Wisconsin, durant sa convalescence d’une grave maladie. Comme sa célèbre collègue, Annie Jump Cannon, Henrietta Swan Leavitt était sourde. Ses travaux les plus significatifs sont relatifs aux étoiles variables. Elle étudie celles du Petit et du Grand Nuage de Magellan, situés respectivement dans les constellations du Toucan et de la Dorade, visibles depuis l’hémisphère Sud.

Henrietta Leavitt, sur la base de plaques photographiques réalisées à Arequipa au Pérou, répertorie les étoiles et constate qu’il existe une relation entre la magnitude et la période de certaines étoiles variables (ci-contre en haut, la courbe de l’étoile Delta de Céphée, faisant apparaitre des écarts de magnitude en fonction de la période en nombre en jours). Henrietta étudie alors vingt cinq étoiles variables possédant des caractéristiques spécifiques et publie ses résultats en 1908. Elle venait de découvrir les étoiles variables pulsantes, caractérisées par leur pulsation périodique, connues aujourd’hui sous le nom de céphéides. Elle remarque également que la période de variation lumineuse est d'autant plus longue que l'éclat moyen est plus grand. Sa remarque se confirme sur le diagramme (ci-contre) montrant une population de céphéides, positionnée sur une échelle qui reprend en abscisse leur période (sous forme logarithmique) et en ordonnée leur magnitude absolue. (J’ai rajouté sous l’échelle de la période, les valeurs correspondantes, en jours). Henrietta Leavitt avait bien perçu que ces propriétés de certaines étoiles pouvaient représenter un précieux outil pour la détermination de leurs distances. Mais elle ne put poursuivre ses investigations, car il faut savoir que l’enthousiasme de son patron, Edward Pickering, envers le « harem » était bien relatif et qu’il trouvait ses limites dans les valeurs de sa propre éducation victorienne. Ainsi, ce dernier considérait que son personnel féminin était qualifié pour recueillir des données, mais pas pour en tirer une quelconque interprétation. De ce fait, davantage imputable aux idées d’une époque finissante qu’à un seul homme, la recherche astronomique perdit probablement de précieuses années. Un nouvelle brèche était cependant ouverte, dans laquelle n’allait pas tarder de s’engouffrer une nouvelle génération d’astrophysiciens. Henrietta meurt à l’âge de cinquante-trois ans des suites d’un cancer. Elle ne reçut aucun titre ni récompense de son vivant, mais la communauté astronomique donna son nom à un cratère de la Lune, en reconnaissance de son œuvre.