Guillaume Bigourdan (1851-1932)

Guillaume Bigourdan (1851-1932) est né à Sistel dans le Tarn et Garonne. Fils d’agriculteurs, il est l’ainé des trois enfants de la famille. Sa précocité et son intelligence sont remarquées par l’instituteur et le curé du village qui conseillent à ses parents de lui permettre de suivre une scolarité régulière. Ces derniers, bien que modestes, se privent de l’aide de leur fils à la ferme. Leur sacrifice ne sera pas vain, Guillaume obtient son baccalauréat en 1870, puis se rend à la faculté des sciences de Toulouse, où il obtient une licence de physique et de mathématique en 1874 et 1876, tout en enseignant dans un pensionnat pour subvenir financièrement à ses besoins. Son parcours lui permet, en janvier 1877, de devenir assistant d’un de ses professeurs, l’astronome Félix Tisserand de l’observatoire de Jolimont à Toulouse. L’année suivante, lorsque Tisserand est nommé directeur à l’Observatoire de Paris, Bigourdan part avec lui. Ainsi commence sa carrière astronomique. En juin 1882, il participe avec Tisserand, alors professeur d’astronomie à la Sorbonne, à une expédition à Fort Tartenson en Martinique, pour l’observation d’un transit de Vénus. Un de ses frères, Sylvestre, qui accompagnait l’expédition meurt de la fièvre typhoïde. En 1883, Bigourdan se rend à Saint Petersbourg. Il effectue un séjour de quelques semaines à l’observatoire de Poulkovo et en profite pour étudier les erreurs systématiques de ses propres mesures d’étoiles doubles à l’aide du réfracteur que lui prête Otto Wilhelm Von Struve, directeur des lieux. En 1885, à trente quatre ans, Guillaume épouse la fille de l’amiral Mouchez, directeur de l’observatoire de Paris et entre ainsi dans une famille de la bourgeoisie. Il n’oubliera jamais pour autant qu’il est issu d’un milieu modeste. Cette union donnera naissance à neuf enfants, dont trois garçons. En 1886, Bigourdan soutient sa thèse intitulée « Sur l’équation personnelle dans la mesure des étoiles doubles », elle est le résultat de six années de travaux portant sur deux mille huit cents relevés micrométriques effectués sur ce type d’étoiles.

En 1893, on lui confie la direction d’une expédition à Joual au Sénégal qui a pour objet l’observation d’une éclipse du Soleil et la détermination de l’intensité de la pesanteur. A ce sujet, on peut trouver dans un ouvrage récent Histoire de l'Église catholique au Sénégal , écrit par le père Joseph-Roger de Benoist, un détail historique que je cite: « Joal reçoit des visiteurs de marque en 1892 et 1893. Pour observer l’éclipse totale de Soleil du 16 avril 1893, un certain nombre de scientifiques dirigés par M. Bigourdan...séjournent à Joal à partir du 15 décembre 1892. Ils donnent l’exemple d’une pratique religieuse fidèle, et surtout leur présence empêche les marabouts d’abuser de la crédulité des gens en se faisant payer pour faire réapparaitre le Soleil... » Comme je l’ai déjà évoqué au début de cet ouvrage, les phénomènes astronomiques ont toujours donné lieu à toutes sortes de croyances et de pratique dont cet exemple illustre, on ne peut mieux, la persistance. En 1896, Guillaume Bigourdan s’est également rendu au sommet du Mont-Blanc, pour réitérer ses expériences sur la pesanteur terrestre. Il participe encore à des expéditions en Espagne et au Maroc. En 1902, il collabore au calcul de la différence de latitude entre Greenwich et Paris et, l’année suivante, il devient membre titulaire du Bureau des Longitudes. Il entre également  à la section astronomie de l’Académie des sciences. En 1907, sa candidature à la direction de l’observatoire de Paris n’est pas retenue. On lui reproche de ne pas être issu d’une grande école. En 1920, il devient cependant le premier directeur du Bureau International de l’Heure (BIH) . En 1924, il est élu Président de l’Académie des sciences et,  l’année suivante, président de l’Institut. Bigourdan n’a pas révolutionné l’astronomie mais sa contribution est notable. Surnommé « le bénédictin de l’astronomie », il était plutôt solitaire et n’a jamais encadré de jeunes étudiants astronomes. Il s’est spécialisé dans la détermination de la position des corps célestes et apporte de nombreuses améliorations au matériel d’observation et de mesure micrométrique. En vingt sept années, il a découvert plus de cinq cents nouvelles nébuleuses et établi un catalogue dans lequel il indique les positions précises de six mille trois cent quatre-vingts d’entre elles. Il a publié de nombreux ouvrages de vulgarisation et laisse prés de cinq cent- quarante articles et communiqués divers. En 1984, Il découvre l’astéroïde 390 Alma. Aujourd’hui son nom reste attaché à une méthode d’aide à la mise en station des montures équatoriales, basée sur une comparaison du décalage de position d’une étoile de référence, lorsqu’on arrête le mouvement de la monture. Enfin, Il a reçu de nombreuses distinctions : le prix Lalande en 1883 et 1891, la médaille d’or de la Royal Astronomical society et il fut chevalier puis officier de la Légion d’honneur.