Edward Charles Pickering (1846-1919)
Edward Charles Pickering (1846-1919) est né à Boston. Il est issu d’une famille riche et renommée de la Nouvelle Angleterre. Il fait ses études primaires dans des écoles privées et à la Boston Latin school puis entre au Massachussetts Institute of Technology (M.I.T), pour y devenir professeur de physique à l’âge de 21 ans. Il consacrera sa vie entière à l’astronomie, à tel point que quelques jours seulement avant sa mort, il convoquait encore certains de ses élèves pour les entretenir sur leur travail à l’observatoire d’Harvard, dont il fut le directeur pendant 42 années à partir de 1876. Il crée le premier laboratoire américain de physique à Cambridge et rédige un ouvrage en deux tomes: Physical manipulations, traitant des méthodes d’expérimentation. Dans ses cours de physique, il incite ses élèves chercheurs à penser par eux-mêmes dans la résolution des problèmes. Il est énergique et fait également preuve d’originalité dans la direction de son administration. Dés son entrée en fonction, il s’attache à trouver des fonds privés pour assurer le développement de son observatoire. Il invente un spectromètre performant dont il confie la réalisation à Alvan Clark et il améliore d’autres instruments de mesure physique, utilisés en tant que matériels auxiliaires pour les télescopes de l’observatoire. Durant sa carrière d’astronome, il s’occupe presque exclusivement de la brillance et du spectre des étoiles. Dés 1883, il est l’un des premiers, avec son frère William, à prendre conscience de l’importance de la photométrie stellaire, à une époque ou peu de grands instruments y étaient dédiés. Il dotera d’ailleurs son observatoire en conséquence. Le choix de mettre un physicien plutôt qu’un astronome classique à la tête de l’observatoire, contribue à l’essor de l’astrophysique aux États-Unis. Pickering montre par ailleurs des talents de vulgarisateur et fonde, en 1876, un club d’astronomes amateurs nommé Apalachian Mountain Club.
Sous sa direction démarre la réalisation d’un catalogue stellaire. Malheureusement, il disparait avant de voir son œuvre achevée. A une époque où la communauté scientifique est encore misogyne, il confie à des femmes le fastidieux travail d’analyse et de la classification des données recueillies sur les quelques 300.000 plaques photographiques issues des observatoires qu’il dirige. On ne doit pas cependant tirer de conclusion hâtive concernant l’intérêt que porte Pickering à la gente féminine. Il suffit de savoir que les femmes qui travaillaient pour lui étaient payé 25 cents/h, soit la moitié du salaire d’un homme, ce qui permettait à Pickering de doubler ses effectifs. Ce n’est pas un hasard si on a surnommé son groupe de collaboratrices, le «harem de Pickering». On doit à ces pionnières de multiples découvertes, toutes effectuées sur la base de plaques photographiques.
Les plus célèbres parmi ses chefs d’équipes féminines furent Annie Jump Cannon, Henrietta Swan Leavitt, Williamina Fleming et Antonia Maury. Grâce à elles Harvard découvre 3435 étoiles variables, soit près des deux tiers de toutes celles connues à l’époque. C’est par exemple une de ses anciennes femmes de ménage, reconvertie, Williamina Fleming, qui découvre la célèbre nébuleuse NGC 434 « tête de cheval ». Sur un autre plan Pickering se montre sensible aux débats de son temps concernant la parapsychologie. En 1876, Il fonde la Société américaine pour la recherche psychique et participe à l’analyse statistique d’expériences de télépathie réalisées à partir de cartes ou de dés. Il défend une approche scientifique pour évaluer et valider par la statistique, l’éventualité de l’existence de forces inconnues commandées par le seul mental. Son œuvre lui vaut la reconnaissance internationale. Il reçoit à deux reprises la médaille d’or de la Royal Astronomical Society de Londres, est membre puis président de la National Academy of Sciences des Etats-Unis. Il reçoit la médaille Draper en 1888 et la médaille Bruce en 1908. A sa mort il est considéré comme l’un des deux ou trois plus grands astronomes américains.