Annie Jump Cannon (1863-1941)

Annie Jump Cannon (1863-1941) est née à Dover dans le Delaware. Elle est la fille du constructeur de navire et sénateur, Wilson Lee Cannon et de sa seconde épouse Mary Élisabeth Jump. Très jeune, Annie s’intéresse à l’astronomie par le biais de sa mère qui lui montre les différentes constellations. Enfant, elle contracte une scarlatine et devient partiellement sourde. C’est pourtant une élève brillante, en particulier en mathématiques, qui rejoint, en 1884, le collège pour filles de Wellesley. Elle obtient son diplôme à l’âge de vingt et un ans. Devant le peu de perspectives offertes alors à une femme pour exercer une métier dans le domaine scientifique et avec son handicap considéré comme facteur de désocialisation, elle se replie sur elle-même. Cependant, en 1892 elle fait un voyage en Europe durant lequel elle photographie une éclipse solaire. Elle en reviendra quelque peu ragaillardie. En 1894, sa mère, avec qui elle habitait, meurt. Sa vie devient plus difficile, elle décide alors d’écrire à une de ses anciennes professeur du Wellesly Collège , l’astronome Sarah France Whiting, pour lui demander si elle n’aurait pas un emploi à lui proposer. Cette dernière va permettre à Annie de suivre un cycle de cours d’astronomie et de physique, et de se familiariser avec la spectrographie, tout en développant ses connaissances en photographie. A cette époque, elle observe le ciel avec un petit télescope Browning de 100 mm, installé sur une terrasse du collège. Deux ans plus tard, elle est embauchée dans l’équipe des assistantes du professeur Edward Pickering, ce qui marque le début de sa carrière en astronomie. Elle est affectée à la classification des étoiles du catalogue de Draper.

Antonia Maury, nièce de Draper, défend une classification d’étoiles qu’elle a publiée en 1897, pendant que Williamina Fleming, qui travaille sur le même projet, développe une classification qui lui est propre et qui comprend vingt deux types d’étoiles, en fonction des quantités d’hydrogènes présentes dans leurs spectres. Elle base sa classification sur l’observation des spectres de près de dix mille étoiles. Pickering préfère la classification de Fleming et il le fait savoir. Doté d’un franc parler, on lui attribue des propos tenus à certaines de ses collaboratrices, dans lesquels il leur aurait dit que sa femme de ménage était capable de faire mieux qu’elles (Il se trouve que Williamina Fleming fut aussi sa bonne). Antonia Maury s’est elle sentie visée ?

En tout cas, elle quitte le groupe, laissant en suspens la question non tranchée qui conduit Annie Jump Cannon à faire sa propre proposition, dans laquelle elle répertorie les étoiles suivant les sept lettres O,B,A,F,G,K,M définissant leur type spectral. On lui prête (ainsi qu’à Norris Russell), d’avoir imaginé un moyen mnémotechnique : « Oh be a fine girl kiss me » (Oh, sois une gentille fille embrasse moi), pour retrouver l’ordre des lettres. Son classement adopté par Harvard est aujourd’hui utilisé dans le monde entier. La contribution d’Annie Jump Cannon au catalogue de Draper est déterminante. Entre 1911 et 1915, elle classe les étoiles à un rythme d’environ cinq mille par mois. Pour cela, elle examine les plaques photographiques, identifie le type spectral de chaque étoile jusqu'à la magnitude 9, puis les dicte à un assistant. Elle publie quelques catalogues parmi lesquels figurent les trois cents étoiles variables qu’elle a découvertes à partir de ses analyses de plaques. Elle a également participé aux premières expériences américaines sur les rayons X. Sa carrière a duré plus de quarante années. Elle fut honorée par de grandes institutions. Elle est la première femme à avoir reçu un doctorat honorifique de l’université d’Oxford. Ce n’est pourtant que trois ans avant sa mort qu’elle deviendra titulaire d’un poste permanent à l’observatoire de Harvard.