René Descartes (1596-1650)

Deux mille ans se sont écoulés et "la caverne" de Platon continue d’entretenir la confrontation entre réalité et apparence. Avant de continuer à suivre les progrès des hommes qui marquèrent l’astronomie, je propose de nous interroger de manière plus générale. Descartes nous en donne ici l’occasion, bien que réduire sa pensée à quelques lignes, revient à vouloir réduire la masse d’un iceberg à l’infime portion de sa partie émergée. Cette précaution posée, on va tenter de comprendre en quoi il a influencé l’évolution de la démarche scientifique.

René Descartes (1596-1650) est issu d’une famille de la noblesse de robe. Né à la Haye, en Indre et Loire, d’un père conseiller au parlement de Touraine et d’une mère petite-fille de magistrat et riche héritière, il perd cette dernière à l’âge d’un an. Élevé par sa grand-mère, il entre à onze ans chez les jésuites au collège de La Flèche dans la Sarthe et apprend le grec, le latin, la philosophie scolastique, la physique et les mathématiques. A dix huit ans, il obtient une licence de droit à l’Université de Poitiers puis, il se rend à Paris où il passe deux ans dans l’isolement, à étudier ce qu’il nomme «Le livre du monde». Plus tard, il portera un jugement sans appel sur les lacunes de son éducation. Pour s’en convaincre il suffit de le lire: « J’ai été nourri aux lettres dès mon enfance, et, pour ce qu’on me persuadait que par leur moyen on pouvait acquérir une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie, j’avais un extrême désir de les apprendre. Mais sitôt que j’eus achevé tout ce cours d’études, au bout duquel on a coutume d’être reçu au rang des doctes, je changeai entièrement d’opinion. Car je me trouvais embarrassé de tant de doutes et d’erreurs, qu’il me semblait n’avoir fait autre profit, en tâchant de m’instruire, sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance ».

À vingt deux ans, il part en Hollande et s’inscrit en tant qu’auditeur à l’Académie militaire de Maurice de Nassau, prince d’Orange. Il rencontre Isaac Beeckman, mathématicien, physicien, médecin et philosophe qui appartient à une communauté de scientifiques partageant les idées de Tycho Brahé et de Kepler et dont la philosophie se rapproche de celle de Bacon. Cette communauté a pour habitude de sortir de l’oubli des travaux scientifiques non aboutis et de proposer une récompense à celui qui parviendra à les résoudre. Descartes se fait remarquer en relevant un de ces défis. On doit à Beeckman, le concept de la molécule, des études sur l’inertie et la chute des corps et la découverte qu’une corde vibre avec une fréquence inversement proportionnelle à sa longueur. On imagine la densité des échanges qu’il eut avec Descartes qui continua cependant de voyager à travers le Danemark et l’Allemagne où il s’engagea dans l’armée du Duc Maximilien de Bavière, sans pour autant n’avoir jamais à combattre. Pour comprendre la pensée de Descartes, il faut en analyser les fondements. Il raconte que le 10 novembre 1619, nuit de la Saint Martin, il a fait trois rêves «décisifs».

J’adapte librement, ci-aprés, des extraits de sa biographie, écrite par l’abbé Adrien Baillet et parue en 1691 :

Premier rêve: «Après s'être endormi, Descartes voit des fantômes qui l'épouvantent. Il marche dans une rue, contraint de se s’appuyer sur son côté gauche pour pouvoir avancer, car il ressent une grande faiblesse au côté droit. Honteux de marcher tout penché de la sorte, il fait un effort pour se redresser, mais un vent violent l'emporte dans un tourbillon qui lui fait faire trois ou quatre tours sur le pied gauche. La difficulté qu'il éprouve pour se traîner est telle qu'il croit tomber à chaque pas, jusqu'à ce qu'ayant aperçu un collège sur son chemin, il se dit qu’il y trouvera une église dans laquelle il pourra retrouver le calme et soigner son mal. Sa première pensée est d’aller y prier, mais il réalise qu'il vient de passer devant un homme qu’il connait, sans avoir pris soin de le saluer. Il veut alors revenir sur ses pas pour lui faire ses civilités, mais il est encore repoussé avec violence par le vent qui souffle contre l'église. Il remarque alors dans la cour du collège une autre personne qui l’appelle par son nom et lui demande, s’il va retrouver l’homme de sa connaissance, de bien vouloir lui remettre, de sa part, le fruit qu’il lui tend, et que Descartes prend pour une sorte de melon venu d’une lointaine contrée. Descartes est alors surpris de voir que d’autres hommes qui se rassemblent autour de lui, pour lui parler, sont debout, droits et fermes sur leurs pieds, bien qu’il soit, lui même toujours courbé et chancelant, malgré que le vent ait fortement diminué. Il se réveille à ce moment là et ressent une douleur qui lui fait craindre qu’elle ne soit l’œuvre de quelque mauvais génie. Il se retourne alors dans son lit, change de coté et parvient enfin à se rendormir».

Second rêve: «Il crut entendre un bruit aigu et éclatant qu'il prit pour un coup de tonnerre. La frayeur qu'il eut le réveilla sur le champ et, ayant ouvert les yeux, il aperçut beaucoup d'étincelles de feu répandues par la chambre».

Troisième rêve, qui ne fut pas un cauchemar comme ce fut les cas des deux premiers: « Il trouva un livre sur sa table sans savoir qui l'y avait mis. Il l'ouvrit et, voyant que c'était un dictionnaire, il en fut ravi dans l'espérance qu'il pourrait lui être fort utile. Dans le même instant, il trouva un autre livre sous sa main, ne sachant d'où il lui était venu. C'était un recueil des poésies de différents auteurs, intitulé «Corpus poetarum». Il eut la curiosité d'y lire quelque chose et à l'ouverture du livre il tomba sur le vers « Quod vitae sectabor iter ?» (Quel chemin vais-je donc suivre ?). Au même moment il aperçut un homme qu'il ne connaissait pas, mais qui lui présenta une pièce de vers, commençant par «Est et non», et qui la lui vantait comme une pièce excellente. Descartes lui dit qu'il savait ce que c'était et que cette pièce se trouvait dans le gros recueil des poètes qui était sur sa table. Il voulut la montrer à cet homme et il se mit à feuilleter le livre dont il se vantait de connaître parfaitement le contenu. Pendant qu'il cherchait l'homme lui demanda où il avait pris ce livre et Descartes lui répondit qu'il ne pouvait lui dire comment il l'avait eu, mais qu'un moment auparavant il en avait manié encore un autre qui venait de disparaître, sans savoir qui le lui avait apporté, ni qui le lui avait repris. Il n'avait pas achevé, qu'il revit paraître le livre à l'autre bout de la table. Mais cette fois, il le trouva incomplet, bien plus qu’il ne lui avait paru la première fois. Cependant, il trouva des pièces poétiques dans le recueil qu'il feuilletait, mais n’arrivait pas à trouver la pièce qui commence par «Est et non», il dit à cet homme qu'il en connaissait une du même poète encore plus belle que celle-là et qu'elle commençait par «Quod vitae sectabor iter ?». La personne le pria de la lui montrer et M. Descartes se mit en devoir de la chercher lorsqu'il tomba sur divers petits portraits gravés en taille douce, ce qui lui fit dire que ce livre était fort beau, mais qu'il n'était pas de la même impression que celui qu'il connaissait. Il en était là, lorsque les livres et l'homme disparurent et s'effacèrent de son imagination, sans néanmoins le réveiller ».

Ces songes posent les bases de la pensée de Descartes qui, en son for intérieur, avait l’ambition d’accéder à une totale maîtrise des mathématiques, discipline essentielle à ses yeux, et qui subissait les tortures que cette prétention démesurée ne manquaient de lui infliger. Son premier songe illustre cette souffrance. Le coté droit sur lequel il va s’appuyer lorsque le gauche le fait souffrir, symbolise sa volonté, qui va s’avérer insuffisante à elle seule, pour lui permettre de se tenir correctement debout. Ce déséquilibre traduit chez lui une démarche intellectuelle déficiente, dans le sens ou le fait de devoir sans cesse se rééquilibrer, lui indique qu’il ne doit pas négliger de prendre en compte également la partie irrationnelle de son esprit, que sont ses intuitions et ses croyances. Le rôle mécanique du vent symbolise une force dont il perçoit les manifestations, mais dont il ignore la nature profonde. Le collège et l’église, mettent en évidence le caractère indissociable, à ses yeux, du savoir et de la croyance. Le melon, de part sa forme lui laisse envisager un avenir fécond, sa provenance quand à elle, permettant de supposer qu’il reste encore dans son esprit des contrées inexplorées, susceptibles de produire encore de «beaux fruits». Ce cauchemar, une fois décrypté, est donc également un encouragement à pousser plus encore plus loin ses recherches et sa réflexion philosophique.

Dans son second rêve, on voit apparaitre l’obscurité et la lumière, assimilables à l’inconscient et au conscient. Les étincelles sont une sorte d’illumination issue du plus profond de l’esprit, elles symbolisent une prise de conscience qui ressemble à une révélation, aussi violente que subite et qui peut apparaitre comme annonciatrice de son œuvre future, probablement déjà en gestation chez lui. Enfin, dans son dernier songe, Descartes toujours endormi analyse son propre rêve. L’interrogation à propos du chemin qu’il doit emprunter est à ce titre très évocatrice. La réponse qu’il y apporte le conduira a consacrer son existence à cultiver sa raison et a progresser vers la recherche de la vérité. L’encyclopédie, ici inachevée, attire l’attention sur la nécessité qu’elle a d’être complétée. Elle fait apparaitre à Descartes cette voie qu’il peut choisir et qui ne matérialise plus la démesure de la prétention au savoir absolu, tel qu’elle apparait dans son premier songe, mais bien une aspiration plus raisonnable et légitime. Le «Est et non» de son interlocuteur n’est autre que le « oui et le non » de Pythagore, ou encore le vrai et le faux présents dans les connaissances humaines. Descartes repousse les réflexes qui n’auraient certainement pas manqué de conduire des esprits moins éclairés que le sien, à s’en remettre totalement à Dieu. Il élève en cela sa propre réflexion et amorce une ascension initiée par cette sorte de dialogue qu’il a su établir avec son subconscient, sans pour autant remettre en cause l’existence même de ce Dieu.

Voir également la rubrique "livres anciens" de ce site où je présente l’ouvrage « Les principes de la philosophie » édition de 1724 traduite du latin en français.

Comme on le perçoit à travers ses songes, la voie que choisit Descartes, est analytique et raisonnée. La matière et l’esprit y apparaissent comme des entités distinctes, en opposition avec l’enseignement des philosophes anciens qui faisait loi jusqu’alors. En 1625, Descartes est de retour en France, sa fortune personnelle lui permet de ne pas avoir à travailler pour se consacrer intégralement à ses travaux. Il décide pourtant de partir vivre en Hollande. Il en parle à un de ses amis: «Je vous convie de choisir Amsterdam pour votre retraite et de le préférer, je ne vous dirai pas seulement à tous les Couvents des Capucins et des Chartreux où force honnêtes gens se retirent, mais aussi à toutes les plus belles demeures de France et d'Italie...En cette grande ville où je suis … chacun y est tellement attentif à son profit que j'y pourrais demeurer toute ma vie sans être jamais vu de personne...Quel autre pays où l'on puisse jouir d'une liberté si entière, où l'on puisse dormir avec moins d'inquiétude, où il y ait toujours des armées sur pied exprès pour nous garder, où les empoisonnements, les trahisons, les calomnies soient moins connus?...». Il prépare son ouvrage Traité du monde, lorsqu’il apprend par Marin Mersenne que Galilée vient d’être condamné. Autant désireux de ne pas s’exposer que de ne pas heurter les autorités ecclésiastiques auxquelles il reste soumis, il décide de ne pas publier ce traité. Quelques années plus tard, Il en fera toutefois paraitre trois composantes intitulées: La dioptrie, dans laquelle il établit les lois sur la réfraction de la lumière, dont il fait l’erreur de croire qu’elle se propage instantanément et qu’elle n’a donc pas une vitesse propre. Les météores, où il évoque sa cosmologie et l’idée qu’il a du mouvement des planètes. Et enfin La géométrie, dans laquelle il invente un système de repères universellement utilisés de nos jours, appelés coordonnées cartésiennes, qui permettent de situer n’importe quel point sur une ligne droite, un plan ou dans l’espace. Paradoxalement, c’est la préface de ces traités réunis en un seul ouvrage qui restera la plus célèbre, sous le nom de Discours de la méthode. Il pense que «La science devrait nous rendre maitres et possesseurs de la nature», présumant que l’univers tout entier est régi par des lois. Il pense aussi que les mathématiques peuvent tout expliquer. En d’autres termes, qu’il suffit de poser les bonnes équations et de bien les résoudre. Descartes explique qu’il faut procéder partie par partie et  balayer la totalité du problème, «afin de n’en rien omettre».

Descartes est avant tout un philosophe dont la pensée alimente les débat depuis des siècles. Ses écrits traitant de sa vision du monde physique ne seront pas en revanche aussi clairvoyants, ainsi, il décrit le mouvement des corps d’une manière originale mais fausse, qui ménage la religion dont il subira toute sa vie l’influence. En particulier lorsqu’il explique que « Dieu seul est l'auteur de tous les mouvements », qu’il décrit comme rectilignes, en ajoutant: « Ce sont les diverses dispositions de la matière, qui les rendent irréguliers et courbes ». Il fait à cette occasion une analogie qui n’apparait en rien comme une démonstration de ce qu’il annonce: «  Ainsi que les théologiens nous apprennent, que Dieu est aussi l'auteur de toutes nos actions », en particulier les bonnes actions, « ce sont les diverses dispositions de nos volontés, qui peuvent les rendre vicieuses. »  Il imagine les planètes mues dans l’éther par de grands tourbillons qui les entrainent sur leurs trajectoires (gravure ci-dessus). Il ne peut admettre l’existence du vide. Les Tenants de la physique cartésienne se tromperont, lorsque voyant Newton évoquer la force d’attraction que les corps exercent entre eux, il crieront à l’imposture, accusant même ce dernier d’introduire des forces occultes, là où ils ne sauraient concevoir de mouvement autre qu’initié par des forces purement mécaniques. La polémique sur la nature de ces forces durera un certain temps, elle aura même de fervents défenseurs, comme le philosophe Fontenelle, mais elle devra s’incliner devant la vérité établie et démontrée par M. Newton. Ces « grains de sable » qui bloquent la mécanique cartésienne, n’empêcheront nullement son esprit de triompher à travers son grand principe qui consiste dans toute démarche scientifique à appliquer une méthode d’analyse exhaustive en y associant une réflexion purement rationnelle. Ci-après, quelques lignes que j’ai extraites du "Discours de la méthode" qui permettent de mieux comprendre sa démarche, telle qu’il la propose.

Je fais précédemment référence à l’engagement de Descartes dans l’armée du Duc de Bavière, et je mentionne qu’il n’eut point à se battre. Comme il l’avait fait en son jeune âge à Paris où il s’était isolé pour apprendre, Descartes profita donc d’un hiver sans bataille, pour s’enfermer dans ce qu’il nomme «le poêle » et se consacrer à entretenir ses pensées. Il en arrive alors à considérer différentes œuvres de l’Homme, et en déduit que celles résultant de l’apport de plusieurs d’entre eux ne sont pas forcément plus « accomplies » que celles résultant du travail d’un seul. Il fait une analogie avec l’éducation donnée par plusieurs maîtres, parfois «contraires les uns aux autres», dont les recommandations peuvent être antagonistes et conduire à faire naître en nous des préjugés. Il en conclut l’impérieuse nécessité de «rebâtir à neuf l’édifice de ses connaissances». Il oriente alors sa recherche vers différents moyens qui peuvent l’y conduire.

«Jamais mon dessin ne s’est étendu plus avant que de tâcher à réformer mes propres pensées, et de bâtir un fonds qui est tout à moi »…«Je me plaisais surtout aux mathématiques, à cause de la certitude et de l’évidence de leur raison; mais je ne remarquais point encore leur vrai usage, et, pensant qu’elle ne servaient qu’aux arts mécaniques, je m’étonnais de ce que, leurs fondements étant si fermes et si solides, on n’avait rien bâti dessus de plus relevé»…«Je ne dirai rien de la philosophie, sinon que, voyant qu’elle a été cultivée par les plus excellents esprits qui aient vécu depuis plusieurs siècles, et, que néanmoins il ne s’y trouve encore aucune chose dont on ne dispute, et par conséquent qui ne soit douteuse, je n’avais point assez de présomption pour espérer d’y rencontrer mieux que les autres; et que, considérant combien il peut y avoir de diverses opinions touchant une même matière, qui soient soutenues par des gens doctes, sans qu’il y en puisse avoir jamais plus d’une seule qui soit vraie, je réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable».
Parlant des principes qu’il se propose d’appliquer: «Je crus que j’aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne pas manquer une seule fois à les observer.»

«Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment d’être telle; c’est à dire, d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si directement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute»… «Le second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre»... «Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres»… «Le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre»

Descartes qui, en tant que philosophe, est l’auteur du fameux «cogito ergo sum » (Je pense donc je suis), sur lequel je ne m’attarderai pas ici, commence, dans sa réflexion sur la démarche scientifique, à appliquer ses principes à ses propres recherches en algèbre et en géométrie. Il arrive de la sorte à résoudre rapidement des problèmes auxquels il s’était auparavant heurté sans succès. Il se propose d’appliquer également sa méthode aux grandes questions philosophiques. Pour cela, il entreprend de «déraciner» de son esprit toutes les opinions qu’il avait reçues auparavant, afin d’arriver à s’en forger qui lui sont propres. Il s’imposera quelques garde-fous. D’abord, il conserve sa religion intacte. Puis demeure fidèle à la conduite qu’il s’est tracée, sans se laisser distraire par certains évènements de la vie qui peuvent l’entrainer dans des errances. Enfin, il décide qu’il doit apprendre à changer ses propres désirs plutôt que de vouloir changer l‘ordre du monde pour sa convenance et se convaincre qu’il n’y a rien que l’homme ne maîtrise totalement, si ce n’est ses pensées. Voici, condensés, les principes qui firent que Descartes décida «d’employer toute sa vie à cultiver sa raison et à s’avancer autant qu’il le pourrait, en la connaissance de la vérité, suivant la méthode qu’il s’était prescrite». La recherche scientifique dispose enfin d’une méthode qui l’aidera à s’affranchir de la pesanteur des préjugés. L’essor découlant de l’utilisation de ces démarches, appliquées aux différentes disciplines, permettra, entre autre, à l’astronomie d’aborder le XVIIIème siècle naissant avec d’autant plus d’efficacité qu’elle aura su se border de la rigueur cartésienne. En 1650, Descartes répond à une invitation de la reine Christine de Suède et succombe d’une pneumonie, peu après son arrivée à Stockholm.