Philippe de la Hire (1640-1718)

On connait peu de détails sur la vie de La Hire. J’ai tiré les principales informations qui suivent de l’éloge que lui fit Fontenelle à l’Académie des Sciences, lors de sa disparition. Philippe de la Hire (1640-1718) est né à Paris, d’un père peintre du roi et professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Initié dés son jeune âge, on le destine à une carrière artistique. Mais curieux de nature, tout pour lui est prétexte à découvrir de nouveau domaines comme la gnomonique ou les figures géométriques et leurs projections. Lorsqu’il perd son père à dix sept ans, sa santé est fragile. Il souffre de tachycardie mais il se décide pourtant à partir pour l’Italie, séjour incontournable pour un artiste. La vie calme qu’il mène à Venise lui laisse le temps d’approfondir la géométrie classique et d’étudier les sections coniques d’Apollonius (aujourd’hui nommées courbes du second degré, définies par une équation du même nom). Au bout de quatre ans, il rentre à Paris où il collabore à un ouvrage sur la coupe des pierres. Il sera reconnu en tant que géomètre, lorsqu’il édite un premier traité sur les cycloïdes, figures qui passionnaient les mathématiciens de l’époque. Il est admis à l‘Académie des sciences en 1678. L’année suivante, il publie trois traités de géométrie approfondissant les travaux de Descartes. Colbert souhaite faire établir une carte du royaume. Des ingénieurs ont déjà travaillé sur des cartes côtières mais la réalisation d’une carte terrestre nécessite d’avoir recours à des observations astronomiques que seuls des géomètres confirmés peuvent effectuer avec fiabilité. Dans un premier temps La Hire et Jean Felix Picard se rendent en Bretagne et en Gascogne où ils s’attachent à vérifier les erreurs relevées sur les tracés des cartes de leurs collègues (la carte ci-dessous, fait apparaitre ces corrections en surcharge rouge).

Fontenelle évoque une anecdote à ce propos: le roi, Louis XIV ayant eu vent de des corrections qui, sur le papier rétrécissaient son royaume, aurait plaisanté en disant que le voyage des deux géomètres ne lui avait causé que de la perte. La Hire sera ensuite missionné pour déterminer la position de Calais et de Dunkerque et pour continuer le travail commencé par Picard sur la mesure de la méridienne. Il devait se charger du nord de Paris et Cassini s’occuperait du Sud. Comme je l’ai déjà évoqué, la mort de Colbert stoppa durablement cette mesure. La Hire fut alors affecté au service de Louvois, afin de collaborer à des travaux de nivellement et d’hydraulique pour alimenter les jeux d’eau de Versailles. La Hire était honnête et méticuleux. Fontenelle nous dit encore au sujet de ses notes de frais :«La Hire exact jusqu’au scrupule et jusqu’à la superstition, présentait à Mr Louvois des mémoires dressés jour par jour et où les fractions n’étaient pas négligées. Le ministre avec un mépris obligeant les déchirait sans les regarder, et il faisait expédier des ordonnances de sommes rondes, où il n’y avait pas à perdre». En 1985, La Hire publie son grand ouvrage sur les sections coniques qui fut considéré comme une référence dans toute l’Europe. En 1687, il montra ses talents d’astronome en publiant des tables du Soleil, de la Lune et des méthodes pour calculer simplement les éclipses.

Il réalisa une horloge indiquant les éclipses de Lune. Suivant les traces de Huygens, il publia un traité des épicycloïdes dans lequel il déterminait le profil idéal des dents d’engrenages, inventant au passage le train hypocycloïdal (toujours utilisé de nos jours dans les boites de vitesse automatiques). Il effectua également des recherches sur l’œil et la vision avant de publier en 1695, un traité de mécanique dans lequel il faisait un rapprochement avec la mécanique céleste. En 1702, il publia encore deux planisphères, issus des observations qu’il avait effectuées à l’Observatoire de Paris. Bien qu’il se soit intéressé à la géométrie cartésienne et aux courbes algébriques, on lui reproche de n’avoir jamais eu recours au calcul infinitésimal, qu’il connaissait pourtant bien, ce qui lui valu une réputation de «mathématiciens du vieux style». La Hire guéri de ses premiers ennuis de santé, s’est marié deux fois et eut huit enfants, dont deux furent comme lui, académiciens. Fontenelle disait de lui: «On croyait avoir choisi un académicien, on fut étonné de trouver en lui une académie toute entière» .