Johannes Hevelius (1611-1687)

Johannes Hevelius (1611-1687) est né à Dantzig (Gdansk) en Pologne. Il est issu d’une famille de  riches négociants. Durant ses études, il fait preuve d’un goût prononcé pour les mathématiques. Son professeur Piotr Kruger, mathématicien astronome et constructeur d’instruments, l’incite vivement à s’orienter vers l’astronomie. Ce qu’il fera, tout en continuant à parfaire ses compétences en dessin et en mécanique. A partir de 1630, il se met à voyager, il visite l’Angleterre, la France et l’Allemagne en s’intéressant plus particulièrement aux établissements et institutions scientifiques de ces pays. Il fera plus tard connaissance avec Halley, lorsque ce dernier se rendra en Pologne pour le rencontrer et travailler un temps avec lui. Après quatre années de voyage, il revient a Dantzig, qui possède le statut particulier de ville libre au sein du royaume polonais. Il y occupe la fonction d’échevin en 1641 et 1651 et sera élevé au grade de sénateur, place qu’il occupera jusqu’à sa mort. Dés 1640, il se consacre avec assiduité à l’astronomie. En 1641, il construit son premier observatoire dans lequel il installe des quarts de cercle en métal de trois et quatre pieds et un sextant, puis une lunette sans tube fermé, d’une longueur focale de vingt sept mètres. Il semblait alors davantage porté sur la pratique que sur les spéculations scientifiques. Le premier ouvrage qu’il rédige s’intitule Selenographia, il parait en 1647. On y trouve une représentation des taches lunaires, que ses talents de dessinateur lui permettent de porter à un niveau de perfection, jamais atteint jusqu’alors. Il faut noter que ces taches ne pouvaient pas être observées, comme celles du Soleil, avec une chambre obscure. Elles nécessitaient l’utilisation d’une lunette, avec la contrainte de travailler alternativement en regardant dans l’oculaire, puis en le quittant pour dessiner sur le papier, ce qui demandait un gros effort de mémorisation. Il fallait ainsi de très nombreuse nuits pour arriver à reproduire les détails et à les rattacher entre eux afin d’obtenir une carte complète. On dit qu’Hevelius, perfectionniste, a gravé lui-même au burin les plaques de métal qui ont servi à imprimer ses cartes.

Il écrit "De motu lunae libratorio", qui se présente comme une lettre à Giovanni Riccioli, dans laquelle il explique la libration de la Lune (balancement de son axe, qui nous permet d’apercevoir un peu plus de sa surface), complétant au passage les travaux entrepris par Galilée, qui n’avait découvert que deux des causes de ce phénomène, l’une due à la parallaxe, l’autre à un changement de latitude. Hevelius parvint à en mettre en évidence une troisième, causée par un mouvement en longitude. Ensuite, se succèdent divers travaux sur l’éclipse de 1654, sur l’observation du passage de Mercure devant le Soleil en 1661, trois traités sur les comètes: "Prodomus cometicus", puis une "Description de la comète de 1665" , et enfin, "Cométrographie". Il ne se trompera pas en suggérant que leur trajectoire est parabolique, avec le Soleil pour foyer (c’est effectivement le cas des comètes qui ne reviennent jamais et dont la trajectoire se prolonge vers l’infini); si ce n’est, qu’il en existe également qui ont une trajectoire elliptique (comètes périodiques, comme celle de Halley). En revanche, il fait erreur lorsqu’il affirme que ces comètes sont des «agglomérations momentanées de matière provenant des exhalaisons des planètes».

Hevelius rédige un catalogue qui indique la position de mille cinq cent soixante quatre étoiles, il trace à cette occasion sept nouvelles constellations: Les Chiens de chasse, l'Écu de Sobieski, le Lézard, le Lynx (dont les étoiles sont si faibles qu'il prétend que pour les voir, il faut des yeux de lynx), le Petit Lion, le Petit Renard et le Sextant. Elles viennent s’ajouter aux soixante déjà existantes. Il découvre Mira Ceti, une étoile variable dans la Baleine, étudiée en 1683 par Johann Phocylides Holwarda qui évalue sa périodicité à trois cent trente jours. On retiendra que la deuxième épouse d’Hevelius, Élisabeth, est peut-être la première femme astronome connue.

Cette dernière l’ayant assisté, dans ses observations et ses calculs, durant les nombreuses et fatigantes nuits qu’ils passait dans l’observatoire situé sur le toit de sa résidence. Il étudia Saturne dont les aspects changeants furent un véritable casse tête; en effet la planète présentait, suivant les périodes, un cercle rattaché à son disque ou deux formes latérales mal définies. Il se trompa en concluant qu’il s’agissait de trois astres distincts. Par ailleurs, il entretient une correspondance avec les plus grands savants d’Europe, ses lettres réunies représentent prés de dix sept volumes. Hevelius devient membre de la Royal Society de Londres en 1664. Il ne partageait pas l’avis de Kepler sur les trajectoires des planètes, convaincu, comme Brahé, qu’elle n’étaient que cercles et épicycles. Dans ses études sur la Lune, Hevelius réfute bon nombre d’idées fausses, il opposera toujours son astronomie «pratique» à l’astronomie «philosophique». Son observatoire, ainsi que son imprimerie, son atelier de gravure et sa maison sont détruits dans un incendie qui ravage une partie de Dantzig en septembre 1679. Tout son matériel d’observation et de nombreux documents jamais publiés disparaissent. Le coût de ce sinistre sera évalué à trente mille écus. Hevelius reconstruira pourtant un autre observatoire, sans pouvoir le doter d’instruments aussi performants. La gravure en pleine page ci-dessus fait apparaitre son installation et son matériel. Il s’agissait d’instruments lourds et volumineux, nécessitant souvent la présence de main d’œuvre et qu’Hevelius avait conçus et réalisés lui même, y compris les lunettes dont il savait tailler les lentilles en verre. Il mourut à soixante-seize ans, un 28 janvier, jour de son anniversaire.