Jeremiah Horrocks (1619-1641)

Jeremiah Horrocks (1619-1641) est né à proximité de Liverpool dans une famille peu fortunée. Poussé par son frère, il entre à douze ans au collège de Cambridge où il doit travailler en échange de la gratuité de ses cours. Il s’inscrit dés treize ans à l’Université et apprend les langues classiques, la littérature et la théologie. Il s’initie probablement aussi à la géométrie et va rapidement s’intéresser à l’astronomie, mais il rencontre des difficultés pour trouver des professeurs susceptibles de le guider. Il établit donc une liste d’une vingtaine d’auteurs continentaux qu’il va étudier seul. En effet, l’astronomie est peu répandue dans son pays et, en dehors de Sacrobosco (John of Hollywood), aucun astronome insulaire ne figure dans sa liste. Horrocks s’exprime à ce sujet : «Le manque de moyens me décourageait et me désespérait »…«Ce qui me chagrina le plus était le fait que personne ne pouvait m’instruire sur cette discipline, personne qui put m’aider avec sympathie dans mes efforts »...« Le pire de tout était que j’étais incapable d’émouvoir quiconque à l’astronomie »…«à défaut d’un professeur, je devais recourir aux livres d’astronomie ».  Il s’entoure d’amis, Crabtree, Wallis et quelques autres, comme lui passionnés, avec lesquels il forme une petite communauté scientifique bien éloignée des tourments que traverse son pays, alors menacé de sombrer dans une guerre civile.

Horrocks laissera une œuvre limitée en raison de sa mort précoce. Il reste célèbre pour deux de ses observations qui furent pourtant chacune une première. Dès 1636, il effectue des relevés méticuleux sur les positions des planètes, à l’aide d’une lunette qu’il aurait fabriquée lui-même en raison de son manque de moyens. Exploitant ses propres calculs, il prévoit un transit de Vénus (passage devant le Soleil), pour décembre 1639. Ses travaux qui se basent sur les tables de Copernic et de Kepler vont même le conduire à constater une erreur de positionnement de la planète, située par ces deniers trop au sud de huit secondes d’arc. Il découvre également que tout transit de Vénus est suivi d’un nouveau, qui lui succède huit années plus tard. A l’occasion du transit de 1639, Horrocks réalise une mesure du diamètre angulaire de Vénus, qu’il établit à 1’16’’, alors qu’on croyait cette planète plus de deux fois supérieure à cette taille. Il évalue encore, la distance séparant la Terre du Soleil qu’il fixe à 15.000 fois le rayon terrestre, alors que Kepler ne l’avait estimé qu’à 3.500 fois ce rayon. La valeur réelle est de 23.455 fois (Union Astronomique Internationale.1976). Pour effectuer cette observation, Horrocks utilise le même principe dont Gassendi se servit cinq ans avant, pour observer le transit de Mercure (illustration ci-dessus). Il décrit son expérience: « J’ai tracé sur une feuille un cercle d’environ six pouces de diamètre » (environ 16 cm)…«J’ai divisé la circonférence en 360°, comme il est d’usage, et son diamètre en trente parties égales, ces dernières à leur tour en quatre»…«J’ai laissé le reste à une évaluation visuelle ». Horrocks remarque que les mouvements de la Lune peuvent être représentés par une orbite elliptique, à condition d’admettre au préalable une variation de l’excentricité de cette ellipse et d’attribuer à la ligne des absides un mouvement oscillatoire. Pour achever l’évocation de ce jeune astronome prometteur, j’empruntera quelques mots à Jean Sylvain Bailly: «Un homme qui à l’âge de vingt deux ans avait déjà saisi toutes les idées saines et vraies de l’astronomie physique, qui s’est distingué si jeune par une invention ingénieuse, aurait fait un grand chemin dans la carrière du génie; la mort l’arrêta le 14 janvier 1641 »