Hans Lippershey (1570-1619)

A l’inverse de certains hommes qui ont marqué l’astronomie par l’ampleur de leurs travaux, Hans Lippershey (1570-1619) a effectué sa découverte un peu par hasard. Il n’est pas, lui-même, un astronome et n’a d’ailleurs probablement jamais exploité son invention pour effectuer des observations du ciel. Il est simple opticien, si tant est qu’on puisse le qualifier ainsi, à une époque ou l’usage des instruments optiques n’est pas encore très répandue. On situe en effet l’apparition des lunettes de vue vers la fin du XIIIème siècle en Italie. On a retrouvé un traité datant de 1299 dans lequel un certain Sandro di Popozo, vivant à Pise, écrit  « Je suis si altéré par l'âge, que sans ces lentilles appelées lunettes, je ne serais plus capable de lire ou d'écrire. Elles ont été inventées récemment pour le bénéfice des pauvres gens âgés dont la vue est devenue mauvaise ». On notera en revanche que les études relatives aux altérations de la vue, datent de l’Antiquité grecque. Aristote en fait déjà état dans son ouvrage Problemata. L’irakien Ibn al-Haytham, vers l’an mille, fait la première description scientifique du pouvoir grossissant de certains morceaux de verre (probablement de forme lenticulaires), sans pour autant évoquer leur utilisation possible pour aider à la lecture. Ce dernier influencera Roger Bacon qui effectua de nombreuses recherches en optique, en particulier sur la réfraction à travers le verre et le cristal de roche.

Hans Lippershey est né à Wessel en Allemagne; il quitte son pays pour s’établir aux Pays Bas à Middleburg dans la province de Zélande où il se marie et ouvre un atelier de taille de verre et de fabrication de lunettes. Comme il en est de même pour beaucoup de découvertes, une multitude de légendes prennent le pas sur la réalité. La découverte de Lippershey serait l’œuvre d’enfants qui, jouant avec des verres récupérés dans les rebuts de son atelier, auraient passé de long moments à observer les bateaux dans le port voisin. Lippershey interpellé par leurs exclamations, aurait à son tour reproduit l’expérience et se serait alors fortement étonné du résultat. Comprenant tout le profit qu’il peut tirer d’une telle trouvaille, il réalise à partir d’un tube, un assemblage de lentilles qu’il nomme « looker» (loupe) et qu’il destine à l’usage des navigateurs. Le 2 octobre 1608, il soumet aux magistrats, trois de ces instruments « avec lesquels on peut voir dans le lointain », en espérant qu’on lui délivre un brevet, mais il n’obtient pas satisfaction, car les juges décident finalement que sa découverte est d’intérêt public et qu’elle ne saurait demeurer secrète. La diffusion de cette découverte se répand en Europe et arrive au mois de mai 1609 à Venise, où Galilée se trouve alors par hasard. Il n’en faut pas plus pour qu’à son tour, le savant réalise l’importance que peut représenter l’exploitation d’un tel instrument.

De retour à Padoue, Galilée se met au travail et, en collaboration avec des verriers de Murano, il confectionne une lunette qu’il améliorera au point de passer d’un rapport de grossissement initial de neuf à une lunette grossissant trente fois. Il la montrera ensuite aux sénateurs de Venise de la part desquels il recevra plusieurs commandes. Un grand nombre de découvreurs potentiels ont revendiqué la paternité de l’invention de cette lunette. Il est même fort probable qu’ils aient, eux aussi, fait des constats similaires concernant les associations de lentilles. Hans Lippershey restera, au regard de l’histoire, le premier à avoir déposé son invention. Sa découverte, davantage que lui-même, ne pouvait être ici passée sous silence.