Geminiano Montanari (1632-1687)

Geminiano Montanari (1632-1687) est né à Modène. Il perd son père, Giovanni, à l’âge de dix ans. Sa mère  prend en charge son éducation. Il fait ses études primaires dans sa ville puis il s’oriente vers le droit, seule discipline capable de lui permettre de trouver un poste avec des revenus suffisants pour faire vivre sa famille. Il se rend à Salzbourg et obtient un diplôme de docteur en droit (civil et canon) à l’âge de vingt trois ans. Entre temps, il a étudié les mathématiques à Vienne et a fait la connaissance de Paul Bono (un florentin disciple de Galilée, missionné par l’empereur pour visiter des exploitations minières), qui l’initie à la physique et aux mathématiques. Sa passion pour les sciences lui fait quitter le barreau et rentrer en Italie. A vingt quatre ans, il est à Modène au service du duc Alfonso d’Este IV, puis se rend à Florence, sous la protection du cardinal Léopold de Médicis où il s’adonne à des expériences de physique. Il rencontre Cornelio Malvasia qui l’intéresse à l’astronomie. Il devient titulaire d’une chaire de mathématique à Bologne et reste à ce poste pendant quatorze ans. Il travaille à la constitution d’éphémérides et établit une cartographie précise de la Lune (ci-dessous) grâce à un micromètre oculaire de sa fabrication. Il conduit également d’autres recherches en physique, comme par exemple le phénomène de capillarité et de viscosité des liquides. En 1669, il succède à Giovanni Cassini en tant que professeur à l’observatoire de Panzano. A cette époque, il rédige un almanach astrologique dans lequel il prend soin d’établir ses prédictions totalement par hasard, afin de montrer qu’elles sont toutes aussi susceptibles de se réaliser que les prédictions basées sur les positions des astres.

En 1667, Montanari observe la constellation de Persée et constate que la deuxième étoile la plus brillante, Algol, a une luminosité variable. On lui attribue cette découverte qui lui vaudra sa notoriété, bien que longtemps avant, les astronomes arabes (Al Biruni) avaient nommé cette étoile al-ghūl, qui signifie «tête du démon» ce qui peut laisser entendre qu’ils avaient noté son comportement particulier. Les religieux du XVIIème siècle qui considèrent toujours l’univers immuable, ne sont pas encore prêts à admettre les conclusions de Montanari. Son travail d’astronome sera marqué par ses qualités de sélénographe. C’est un précurseur, au même titre qu’Hevelius ou Riccioli. Il s’est également fait remarquer par ses travaux sur les comètes. En 1664 et 1665 il observe en effet deux passages cométaires et publie un ouvrage particulièrement détaillé à l’attention du sénat de Bologne (voir gravure, ci-aprés). En 1682, il observe une autre comète, dessine sa trajectoire et fait également un compte rendu (Il s’agissait d’un passage de la comète de Halley) dont Newton exploitera les commentaires dans ses Principia . Montanari s’est forgé des convictions fortement inspirées d’Aristote et de Descartes. Elles vont l’impliquer dans une controverse avec les jésuites, en particulier avec Honoré Fabri, au sujet de la part que la philosophie doit tenir dans la démarche scientifique. Il s’intéresse aussi à l’économie et publie un traité sur la monnaie et la valeur de l’argent: Della moneta-Trattato mercantile où il avance une théorie sur «L’utilité marginale». Par exemple si on possède un objet, l’utilité d’un objet supplémentaire devient faible par rapport à celle qu’il aurait si l’on n’en possédait aucun.

L’écrivain et historien Girolamo Tiraboschi (1731-1794) lui attribue d’avoir procédé également à des expériences sur la transfusion sanguine. Il aurait aussi étudié la propagation des sons et en particulier de la voix, en mettant au point un des ancêtres du mégaphone. Il a également participé à des études sur la protection de Venise et convaincu ses commanditaires de détourner les cours d’eau le plus loin possible de la lagune. Privé d’un œil lors d’une première attaque d’apoplexie à cinquante trois ans, il succombe à une deuxième crise l’année suivante, laissant de nombreux ouvrages inédits, dont des traités de mécanique, dioptrie, trigonométrie et de fortification d’ouvrages civils et militaires.