Fabri de Peiresc (1580-1637)

Nicolas Fabri de Peiresc (1580-1637) est né à Belgentier dans le Var, au moment où ses parents fuient leur résidence d’Aix pour échapper à une épidémie de peste qui y sévit. Sa famille occupe en Provence un rang distingué, originaire de Pise en Italie, elle est implantée en France depuis le règne de Louis IX (Saint Louis, 1214-1270). Doué d’une grande précocité d’esprit, Nicolas Fabri de Peiresc termine la première partie de ses études à l’âge de seize ans, au collège de Tournon. Il part alors poursuivre son éducation en Italie où rapidement il se lie avec les scientifiques les plus en vue, tout en continuant d’étudier la philosophie et l’histoire ancienne. Cette dualité entre ses relations et la teneur de ses études lui donne vite une assise intellectuelle qui le fera bientôt reconnaitre de tous comme un grand érudit. Curieux de nature, il s’intéresse à l’égyptologie, et à la botanique. Il fait venir du papyrus d’Égypte, des orangers de Chine et du jasmin jaune des Indes. En zoologie, il étudie les caméléons, les éléphants, les crocodiles et l’alzaron (sorte de gazelle à tête de bovin aujourd’hui disparue).

On lui doit l’introduction en France du chat angora. Ses travaux en physiologie lui permettent de découvrir l’existence chez l’homme de canaux chylifères, qui jouent un rôle dans les échanges entre les intestins et les vaisseaux sanguins. Il travaille parallèlement sur l’œil.
Il se préoccupe également de géographie et de cartographie. Exploitant des observations d’éclipses lunaires, il calcule les longitudes et les distances de différents points qui lui permettent d’être le premier à définir les dimensions exactes de la Méditerranée. Il la trouvera plus courte de mille kilomètres que ce que l’on croyait alors. Il occupe aussi des responsabilités politiques en tant que conseiller au parlement d’Aix. Il refusera cependant d’épouser une riche héritière, tant il ne souhaite pas être détourné de ses études scientifiques.

Il entretient une correspondance avec les savants de son temps, par exemple avec Scaliger, Marin Mersenne, moine mathématicien physicien et philosophe, ou Grotius (Hugo de Groot), juriste hollandais qui pose les bases du droit international, L’archevêque d’Aix, puis de Lyon frère de Richelieu, Rubens le peintre et homme politique, Gassendi, le mathématicien, philosophe et astronome qui devint un de ses grands amis, Campanella, moine dominicain et philosophe partageant les idées de Bacon ou encore Galilée, l’illustre astronome de qui il obtint une lunette par l’entremise du cardinal Barberini. La liste de ses correspondants est encore longue. Malheureusement Peiresc fait partie des oubliés de l’histoire, car il ne nous laisse aucun ouvrage qui aurait pu le rendre populaire, bien que là n’était pas son souhait. Il préférait se rendre utile à la science, plus que de devenir célèbre. Il collectionne les livres au point d’avoir son propre relieur qui marque de son sceau les ouvrages qu’il se procure. Sa bibliothèque exceptionnelle, que ses héritiers cupides démantèleront par la suite, ne comptait pas moins de cinq mille quatre cents ouvrages et manuscrits répertoriés. Il emploie plusieurs copistes dont la tâche se résume à reproduire et archiver sa volumineuse correspondances, évaluée à prés de dix milles lettres. Enfin, Peiresc l’astronome, inlassable observateur du ciel découvre avec son ami Gassendi la célèbre nébuleuse d’Orion, et il cartographe la Lune, grâce à l’aide de Claude Mellan (voir ci-dessus), graveur de Louis XIII, à qui il donne des directives très précises. Peiresc est enfin un humaniste comme en témoignent ses propres mots: «Je prends un plaisir extrême de voir cesser toutes matières de malentendu entre gens qui peuvent tous contribuer en quelque chose au service du public, quoique les uns ne puissent faire office que de pionniers lorsque les autres font office de bons soldats et de capitaines, étant besoin d'avoir des uns et des autres pour les nécessités de la société humaine