Apian (1495-1552)

Pieter Bienewitz, nommé aussi Pierre Apian (1495-1552), est un astronome et mathématicien né à Leysnich en Saxe. En faveur auprès de Charles Quint, il reçoit le titre de chevalier de l’Empire germanique. Il est l’auteur d’un ouvrage de cosmographie, géographie et climatologie, traduit en français sous le nom de  La cosmographie de Pierre  et qui parut en 1584. Il est un exemple de ces astronomes dont le système de Copernic a occulté l’œuvre en la rendant désuète, bien qu’elle illustre de manière intéressante une vison originale du monde.

Je reprends, ci-aprés, un extrait de son livre au chapitre «Mouvement de la sphère et division des cieux». Pour en faciliter la lecture, j’ai transcris certains mots en français actuel, sans pour autant bouleverser l’architecture originale du texte.

«Le monde est divisé en deux parties, à savoir, en la région élémentaire ou des éléments et en la région célestielle ou des cieux. La région élémentaire continuellement sujette à altération ou changement, contient en elle les quatre éléments, la terre, l’eau, l’air et le feu. La région céleste ou des cieux (que les philosophes appellent la quintessence), en forme de couronne, englobe la région élémentaire, toujours demeurant substance invariable sans se changer ou s’altérer, elle est divisée en dix sphères ou cercles, dont le plus grand, toujours par ordre, sphériquement environne et enclos la sphère inférieure. En premier, donc on a la sphère du feu (quatrième élément), le créateur du monde a mis ensuite la Lune, après celle-ci, la sphère de Mercure puis de Vénus, puis le ciel de Soleil, puis celui de Mars, après, celui de Jupiter, puis celui de Saturne et chacun de ceux qui ont une étoile ou planète se mouvant par le zodiaque au contraire du mouvement du premier mobile ou de la dixième sphère. Et les corps des dites sphères ou cieux sont transparents. Après ces cieux est le firmament autrement appelé le ciel ou sphère des étoiles, lequel se tourne sur deux petites roues à l’entour du commencement de Ariès et Libra (il s’agit dans le cas présent des constellations du zodiaque, aujourd’hui connues sous le nom du Bélier et de la Balance) de la neuvième sphère. Et ce mouvement est appelé des astronomiens (les astronomes sont ainsi nommés dans le texte), le mouvement de trépidation des étoiles fixes. Puis celle qui environne et enclos la neuvième sphère ou ciel qui est appelée le ciel cristallin pour ce qu’on y voit aucune étoile. Et tous ces neuf cieux enclos par le dixième qui s’appelle le premier mobile, lequel fait son tour sur les pôles du monde de jour en jour et en l’espace de 24 heures …». Comme on le constate, nous sommes en présence d’une description très proche du système de Ptolémée. Apian, en revanche laisse dans son ouvrage une description des techniques de repérage des astres par la mesure des écarts de longitude. Il y explique comment l’observation des éclipses solaires, avec des verres colorés, peut permettre de mesurer les méridiens. Il en profite pour effectuer la rectification de diverses dates historiques. Mais il doit, tout comme son contemporain Fracastor, sa place dans l’histoire de l’astronomie, à sa description d’une comète (celle de Halley). Les deux astronomes en effet découvrent que les queues cométaires sont toujours situées à l’opposé du Soleil (gravure ci-dessous) et qu’elle sont dirigées suivant une ligne droite tracée depuis les centres du Soleil et de la comète. Cette découverte importante sera expliquée bien plus tard par le phénomène des vents solaires.