Walter Baade (1893-1960)
Wilhelm Heinrich Walter Baade (1893-1960), est né dans le petit village de Schröttinghausen en Westphalie, où son père protestant est maitre d’école. La famille Baade a cinq enfants dont le petit Walter, né avec une malformation congénitale à la hanche qui lui rend la marche difficile. Sa scolarité débute dans l’école de son père puis à Herford, suite à un déménagement. Son père tient à lui donner la meilleure éducation possible, il l’inscrit au lycée de la ville en 1905. Après des débuts fastidieux, en particulier en mathématiques, Walter finit par se révéler, grâce à des cours qu’il suit en parallèle de sa scolarité. Il possède déjà une importante culture générale et parle le grec et l’hébreu. A cette époque il s’intéresse à l’astronomie, après avoir lu un livre que lui avait prêté son père et qui l’a passionné au point qu’il décide de devenir astronome. Vers 1910, aidé par sa famille, il acquiert un télescope de 3 pouces, avec lequel il observe sa première comète. La même année, il obtient son baccalauréat avec une mention. Après un bref passage à l’université de Münster, il s’inscrit à Göttingen, où il étudie la théologie, les mathématiques, la physique, la géophysique et l’astronomie. Exempté du service militaire en raison de son handicap, il étudie durant la première guerre mondiale à l’observatoire astronomique de la ville, tout en travaillant également dans un atelier de mise au point de prototype pour l’aviation. En 1919, il obtient son doctorat et trouve un poste à l’observatoire de Bergedorf, à coté de Hambourg. Il y passe onze années à étudier plus particulièrement les comètes. Il en découvre une en 1923 et quatre ans plus tard, il publie un ouvrage sur la morphologie de leur queue. Entre 1920 et 1948 il découvrira également une dizaine d’astéroïdes. En 1920, il s’entretient avec Harlow Shapley qui lui donne envie de s’intéresser aux amas globulaires et aux étoiles variables.
En 1926, il reçoit une « bourse Rockefeller » en récompense de son travail. Elle lui permet de partir visiter les grands observatoires californiens. En 1931, Baade accepte un poste à l’observatoire du Mont Wilson. Pendant ce temps, en Allemagne, la montée du Nazisme vient de faire perdre son poste de professeur à Rudolf Minkowski son ami astronome et physicien. Baade l’invite à venir le rejoindre pour travailler avec lui sur des recherches en spectrographie stellaire. Au Mont Wilson, Baade collabore également avec Fred Zwicky dans l’étude des supernovæ et avec Edwin Hubble pour les galaxies lointaines. Comme il a toujours la nationalité allemande, il est considéré pendant toute la durée de la seconde guerre comme un ennemi potentiel des États-Unis.
A ce titre, il est assigné à résidence à Pasadena, où il profite du ciel exceptionnel dû au couvre feu qui règne la nuit sur Los Angeles, pour observer la galaxie d’Andromède et ses deux galaxies satellites (M110 et M32). Il remarque que les étoiles les plus lumineuses du noyau de la galaxie sont rouges et non bleues, comme c’est le cas pour celle des bras de la galaxie. A la suite de quoi, il initie un nouveau concept, celui de « population stellaire ». Il classe les étoiles en deux catégories, la « Population I » et la « Population II » qui se différencient par la largeur de leurs raies spectrales. Les étoiles émettant la lumière centrale des galaxies, dont les raies sont épaisses et celle des étoiles du bord des galaxies, dont les raies sont plus fines. Ce n’est que vers les années cinquante que ces différences seront expliquée par des écarts d’abondance chimique en surface. En 1952, Baade découvre deux types distincts de Céphéides, étoiles qui servent à étalonner les distances intergalactiques. Sa découverte induit d’importants changement au niveau des distances établies et admises à l’époque, qui en réalité devront être corrigées à la hausse d’un facteur 2. Il participe également aux premières recherches en radioastronomie. Il prend sa retraite en 1958 et devient conférencier à Harvard. Malgré une contribution importante à l’astronomie, il reçoit peu d’honneur et nous laisse très peu d’écrits.