Fred Hoyle (1915-2001)
Fred Hoyle (1915-2001) est né dans le Yorkshire. Il est le fils de Ben Hoyle et de Mabel Pickard. Cette dernière, qui perd son père pendant son jeune âge, travaille d’abord dans un moulin à Bingley où elle économise suffisamment d’argent pour se rendre à Londres suivre des cours de musique. Plus tard, elle enseigne la musique fait la connaissance de Ben, issu d’une famille modeste d’agriculteurs et qui, dès l’âge de onze ans a travaillé, lui aussi dans un moulin. En 1910, le couple achète une maison à Gilstead. Fred y voit le jour peu de temps avant que son père ne parte à la guerre. Sa mère gagne alors sa vie en jouant du piano pendant les projections, dans les salles de cinéma muet. A la fin de la guerre, le père de Fred ouvre un magasin de vêtements à Bradford et inscrit son fils dans une école privée de Bingley.
Les débuts scolaires de Fred furent tourmentés et révèlent chez lui un rejet du système éducatif qui se traduisit par de mauvais résultats. Heureusement, en 1927 la librairie de Bingley venait d’acquérir un ouvrage d’Arthur Eddington qui tomba entre ses mains. Il le dévora en peu de jours. Cette lecture fut pour lui une révélation et en quelques semaines, il passa de la seizième place de sa classe à la première. Ses études continuèrent cependant d’être chaotiques, jusqu’à ce qu’il parvienne à entrer à l’université de Cambridge pour étudier la physique théorique et les mathématiques. Après avoir obtenu son diplôme en 1936, il continua d’étudier jusqu’à ce qu’il obtienne une bourse lui permettant d’entrer au Saint John College. Durant la guerre, il entre dans la marine et collabore au développement des radars. A la fin de la guerre, il revient à Cambridge pour finir son cycle d’études.
Il se fait connaître en 1948, lorsqu'il publie Théorie de l’état stationnaire, supposant un univers éternel et immuable et dont l’expansion serait due à un phénomène de création de matière, qu’il nomme « Champ C ». La cosmologie de l’époque était en contradiction avec certaines observations. Ses résultats, en particulier ceux calculés avec la constante de Hubble, indiquaient, dans le cas d’un scénario de type Big Bang, que l’âge de l’Univers était inférieur à celui qui avait put être mesuré pour la Terre, avec des méthodes de datation radiométrique. La théorie de Hoyle sera pourtant abandonnée, suite à de nombreuses autres observations qui l’infirmaient. Il s’est avéré qu’à cette époque, la constante de Hubble était encore très fortement surévaluée. Dans les années cinquante, Hoyle s’oppose la théorie de « l’œuf originel » de Gamow, qui fait apparaître que les éléments lourds se sont formés dans les minutes ayant suivi l’explosion originelle. Hoyle invente le terme de « Big Bang » pour ridiculiser le concept de Gamow.
En 1957, Hoyle travaille sur la nucléosynthèse stellaire avec William Fowler et, Margaret et Geoffrey Burbridge. Ils publient un célèbre article « B²FH » montrant comment les étoiles synthétisent les éléments chimiques. (Fowler reçoit le prix Nobel pour cette découverte). Hoyle fut également l’auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique et de romans de science-fiction à succès. Il défendait l’idée que la vie sur Terre était d’origine extraterrestre (panspermie). Il fonda l’Institut Théorique d’Astrophysique de Cambridge et fut anobli par la reine d’Angleterre en 1972. Il reçu de nombreuses distinctions dont la médaille Bruce et la médaille d’or de la « R.A.S ». Il fut pourtant partiellement mis à l’écart de la communauté scientifique. S’il reste historiquement l’homme du Big Bang, il incarne la lutte contre l’orthodoxie des milieux scientifiques. Cet homme resta toute sa vie plein d’humour et de de malice. Il affirmait que les guerres deviendraient un jour entièrement virtuelles. Il était aussi convaincu que les premières photographies de la Terre prises depuis l'espace, engendreraient une prise de conscience écologique et il pensait que plus une société était civilisée, plus elle était hostile à la science. Certains jugements rétrospectifs pourraient bien lui donner raison…