André Danjon (1890-1967)

André Danjon (1890-1967) est né à Caen. En 1910, il est élève à l’École normale supérieure et obtient son agrégation de physique quatre ans plus tard. Mobilisé au début de la première guerre mondiale, il perd un œil lors d’un affrontement en Champagne. Il est cependant maintenu sous les drapeaux et affecté en Italie dans un service chargé d’effectuer des repérages par le son. Passionné d’astronomie, il obtient malgré son handicap un poste d’aide-astronome à l’observatoire de Strasbourg, redevenu français en 1919 et dirigé par Ernest Esclangon. Danjon œuvre avec ce dernier à la mise en place d’un ambitieux projet de reconstruction et d’équipement de l’observatoire. Parallèlement, le gouvernement vient de voter l’attribution de budgets dédiés à la recherche scientifique. Le dossier de Strasbourg figure parmi les premières demandes soumises au ministère qui lui donne une réponse favorable. En 1923, Danjon travaille, cette fois sur une proposition visant  à mettre en place un observatoire d’astronomie physique. Ce projet sera à l’origine de la création de l’observatoire de Haute Provence. En 1930, il devient directeur de l’observatoire de Strasbourg et en 1935, doyen de la faculté des sciences de cette ville. Mais la seconde guerre mondiale éclate et la faculté se replie vers Clermont-Ferrand. André Danjon, devenu recteur, entre temps, s’efforce de protéger les étudiants et les professeurs alsaciens, mais Il se fait arrêter et révoquer par les allemands. Après l’armistice de 1945, il est nommé directeur de l’observatoire de Paris. Il y fait preuve du même dynamisme que dans ses postes précédents et devient le chef de file d’une astronomie française en plein renouveau. Non seulement il modernise l’observatoire de Paris, mais il parvient à entrainer les sites provinciaux dans son sillage. Continuant son travail d’enseignant, il forme des générations d’astronomes et de chercheurs, qui bientôt occuperont des postes clef dans ces observatoires.  

Danjon a su profiter de la période de reconstruction qui suivit la guerre, pour mettre en place les fondements d’une expansion de la recherche astronomique de la France. Par exemple, il est à l’origine de la station de radioastronomie et de l’observatoire solaire de Meudon, mais également de la recherche spatiale française, ainsi que de la mise en place de la première caméra électronique à l’observatoire de Paris. Il a par ailleurs conçu et fait réaliser une série de quarante cinq exemplaires d’une nouvelle génération d’astrolabes « astrolabe impersonnel » (qui porte son nom) qui furent utilisés dans une trentaine d’observatoires à travers le monde. Initialement conçus pour établir l’heure et la latitude, ces instruments ont montré leur capacité à s’adapter à d’autres travaux et sujets d’observation. Certains de ces équipements sont, de ce fait, encore en usage aujourd’hui (Ci-dessus, un astrolabe de Danjon encore exploité il y a peu pour des travaux de recherche au département d’astronomie de l’université de Santiago du Chili). Ainsi, après les étoiles fondamentales, ce furent les planètes du système solaire puis les satellites galiléens de Jupiter, la Lune et le Soleil que l’astrolabe de Danjon permit d’étudier.

André Danjon a également coécrit, avec André Couder, un ouvrage Lunettes et télescope, encore édité en 1999 et qui tint lieu de référence en la matière. Il a aussi mis au point une échelle (comportant 5 degrés) permettant d’évaluer l’apparence et la luminosité de la Lune durant ses éclipses.  Il eut enfin un rôle déterminant dans la coopération internationale française en matière d’astronomie. Il est élu membre de la section astronomie de l’Académie des Sciences en 1948, président du Bureau des Longitudes en 1954, président du service d’astrophysique du CNRS et occupe de nombreux autres postes à responsabilité.